- b - Le processus de métropolisation

La métropolisation est le processus de croissance de la population, un positionnement mondial dans des villes et l'implication des questions engendrées par cette dynamique. Selon Ferrier (2000), la métropolisation rend compte du fait que l'on habite à différents endroits qui font fi des limites communales, départementales, régionales. En même temps, la distinction entre la ville et la campagne tend à perdre de son importance. L'internationalisation est une explication mais c'est l'exode rural en conséquence de la croissance économique qui alimente sensiblement les villes en développement.

Comme on le sait, il existe toujours un écart important du niveau de revenu entre zones urbaines et zones rurales. La plupart des indicateurs de bien-être ou de développement de ressources humaines comme le niveau de consommation, les taux de mortalité et le niveau d'éducation montrent que les citadins à Jakarta ou à Bangkok par exemple ont un avantage considérable sur leurs compatriotes rurales (Jones, 2002). On s'oriente toujours vers les villes particulièrement pour de meilleures opportunités d'emploi et d'éducation. C'est vrai que la ville est un endroit où l'offre d'emplois est beaucoup plus grande qu'en zones rurales d'autant plus que certaines zones rurales souffrent des conflits, de la dégradation de la terre et de l'épuisement des ressources naturelles.

L'internationalisation des villes, l'exode rural, la croissance naturelle de la population dans les villes et la transformation et l'incorporation des anciennes zones rurales sont parmi les facteurs importants pour la métropolisation rapide en Asie du Sud-Est. On voit émerger des régions métropolitaines élargies qui hébergent maintenant environ 11 pour cent de la population de cette zone d'Asie (Jones, 2002).

Depuis les années soixante, le poids relatif des villes de l'Asie du Sud-Est dans la population mondiale urbanisée progresse régulièrement.

En 1950, l'ensemble de la région n'en comptait qu'une trentaine de villes parmi lesquelles cinq villes de 500 000 à 1 000 000 d'habitants et seulement trois agglomérations métropolitaines d'un peu plus d'un million d'habitants : Jakarta, Manille et Saigon-Cholon (Hô Chi Minh Ville actuelle). En 1990, la région comptait quelque 120 villes de plus de 100 000 habitants et surtout une quinzaine d'agglomérations millionnaires, dont trois particulièrement gigantesques, en l’occurrence les trois métropoles de Bangkok, Manille et Jakarta, chacune d’elles formant, en 1999, une agglomération métropolitaine de plus de 10 millions d’habitants.

Tableau 1 : Les taux d'urbanisation comparés en Asie
  1990 1998 1999 2000 2001
Le Monde 43.1 46.0 46.4 46.7 47.2
Chine 26.4 33.4 34.8 36.2 37.7
Indonésie 30.6 38.7 39.9 41.0 42.0
Malaisie 49.8 55.9 56.7 57.4 58.1
Philippines 48.8 56.7 57.6 58.6 59.3
Thaïlande 18.7 19.6 19.7 19.8 20.0
Viêt-nam 20.3 23.3 23.7 24.1 24.5
Canada 76.6 78.3 78.5 78.7 78.9
Etats-Unis 75.2 76.8 77.0 77.2 77.4
Source : Jiang Zhenghua, 2004

Les villes du Sud-Est asiatique et de la Chine ont été historiquement et encore plus aujourd’hui de grande taille. Les métropoles restent toujours les pôles d'attraction pour les régions rurales. Le processus d’urbanisation s’accélère avec l’arrivée massive de populations d’origine rurale. Les populations, surtout nouveaux couples résidant auparavant dans les centres villes, ruraux originaires de provinces plus ou moins lointaines sont contraintes de s’implanter en périphérie dans un habitat souvent précaire pour les plus démunis. Ainsi, les villes se gonflent et deviennent ce qu'on appelle "mégapoles", "mégalopoles" ou "régions métropolitaines élargies".