- c- Les villes à haut revenu d'Asie confrontées en grande partie à des défis environnementaux "verts"

Tokyo, Séoul, Taïpeh sont représentatives de cette dernière catégorie. On y trouve une concentration des sièges sociaux d'entreprises transnationales et de banques multinationales. Ces villes s'étendent vers leurs périphéries avec une nette dissociation entre les lieux d’emplois concentrés dans le centre, et les zones résidentielles de la périphérie. Les industries se délocalisent de plus en plus loin du centre tandis que les activités de services y demeurent concentrées. La disparition des espaces ouverts, la dégradation de la qualité de vie, l'étalement urbain sont les problèmes devenus prioritaires pour les responsables de ces villes. L'augmentation du taux de motorisation en voitures particulières aggrave la congestion, le bruit et la pollution de l’air, et elle est défavorable aux transports collectifs. Les défis de la pollution atmosphérique sont aussi ceux liés aux émissions importantes, à l'échelle régionale et globale, provenant de la demande accrue de l'énergie, et du traitement de déchets. L'oxyde de carbone devient en conséquence une principale source de pollution.

Selon Marcotullio, les conditions environnementales d'une ville ou d'un type de ville dépendent de son revenu et d'autres facteurs (tels que la bonne gestion institutionnelle) autres que sa forme urbaine. La ville compacte ne contribuerait pas à réduire les problèmes environnementaux pour deux raisons.

Premièrement, les divers problèmes environnementaux des villes asiatiques ne résultent pas de la déconcentration de la population et en effet une forte concentration de la population dans les villes de faible revenu peut poser plus de problèmes que la déconcentration (la transmission de maladies, par exemple). D'ailleurs, une ville compacte ne développera pas nécessairement un système de transport public suffisant pour satisfaire le plus gros de la mobilité quotidienne. En dépit de leurs densités élevées, les villes asiatiques sont soit incapables soit peu disposées à développer un système de transport collectif efficace ayant un faible impact négatif sur l'environnement. Certaines ont même développé un système de transports urbains basé sur l'automobile. Les problèmes environnementaux sont par conséquent aggravés par la pollution liée aux transports. Au lieu de s'appuyer uniquement sur le modèle de ville compacte, Marcotullio suggère le modèle de ville décentralisée concentrée ou ville de constellation, modèle qui a le soutien de bon nombre d'auteurs (Kevin Lynch (1981), Luccarelli (1995), Haughton et Hunter (1994), Liu (1998).6

Deuxièmement, pour résoudre les problèmes environnementaux, les législations locales ne suffisent pas. Les politiques nationales de transport qui sont souvent influencées par différents acteurs, entre autres, le lobby automobile ont nettement changé l'option pour un système de transports urbains basé sur les modes favorables à l'environnement. Cela est particulièrement vrai pour les mesures de restriction de la propriété de voitures particulières.7 Face à l'impact croissant de la mondialisation et des flux transnationaux, le changement de politiques locales ou les efforts pour développer le transport public ne sont peut-être pas suffisants pour résoudre des défis environnementaux actuels. Si les législations et les réglementations au niveau local et national sont nécessaires, (encore faut-il qu’elles soient appliquées), les efforts à l’échelle internationale seront aussi indispensables pour contribuer à améliorer des technologies et atténuer la pollution. Les politiques urbaines doivent donc être intégrées et croisent plusieurs domaines (transports, utilisation des sols, énergie, etc.) et plusieurs échelles (locale, nationale, et mondiale).

Notes
6.

Ce modèle suggère qu'une ville pourrait être construite à partir d'une série, ou d'une galaxie, de villes de taille moyenne autosuffisantes, séparées et entourées par de grands espaces ouverts et connectées par de routes principales et de systèmes de transport collectif à grande capacité.

7.

L'auteur veut dire qu'au cas où les priorités du gouvernement seraient accordées au développement de l'industrie automobile, par exemple, ces politiques ne sont pas efficaces, sinon inutiles.