- a - Politique urbaine ou anti-urbanisme ?

Sous le socialisme, il semble que la politique urbaine est synonyme de l'anti-urbanisme. L'objectif en est la croissance urbaine zéro ou même la désurbanisation. Malgré une certaine différence selon le pays, les raisons de l'anti-urbanisme étaient en général pareilles dans l'ex-URSS, en Europe de l'Est, en Chine ou au Viêt-nam et liées à la lutte des classes et à l'idéologie communiste qui associe les villes et le capitalisme. Pour lutter contre le capitalisme, il faut donc pénaliser les villes. (LO, 1987)

Szelenyi (1996) souligne trois caractéristiques de l'antiurbanisme dans les villes socialistes. Tout d'abord les villes socialistes tendent à être "sous-urbanisées". Elles sont donc dans l’ensemble de moindre taille avec une densité inférieure à celle observée dans les villes capitalistes. Cela s'explique par des politiques spécifiques visant à limiter l'exode rural. Deuxièmement, les villes socialistes manifestent moins de qualités d'urbanisme (des centres d'affaires (CBD) à forte densité, concentration de centres de commerce de détail) que des villes d'économie de marché. Il manque un CBD à loyer élevé ou à tours dans le tissu urbain et des banlieues où se trouvent des maisons habitées par une seule famille ou une faible densité d'habitation. Troisièmement, il manque des aménagements pour des loisirs et divertissements dans les villes socialistes. Ainsi, la plupart des villes socialistes connurent moins de "fléaux sociaux" (crime, prostitution, pauvreté, et sans abri) que celles d'économie de marché.

L'antiurbanisme se manifeste dans la planification socialiste, notamment dans l'ex-URSS, le Viêt-nam et le Cuba. Le travail de Chauncy Harris (1970) montre un objectif de la politique soviétique antiurbaniste de réduire la croissance de grandes villes (plus de 100.000 habitants) et de promouvoir des petites (moins de 50.000 habitants) ou moyennes villes (de 50.000 à 100.000 habitants). Un tel "syndrôme anti-urbain" est devenu une représentation spatiale des idéaux marxistes-léninistes qui diffèrent de la concentration spatiale excessive et l'inégalité régionale entraînées par le capitalisme (Jensen, 1984).