- b - Saïgon (Hô Chi Minh Ville aujourd'hui)

Saïgon était ancienne "capitale" de la dernière dynastie des NGUYEN dans les terres du Sud.

Comme Hanoï, et beaucoup d'autres grandes villes du monde, au début la ville a été établie au bord d'une rivière, la rivière de Saïgon. Avant l'arrivée des Français, c'était une ville structurée en grande partie par son réseau hydrographique. Au 18 ème siècle et 19 ème siècle, Saïgon est devenu une ville de garnison, un centre administratif et un important comptoir économique. En février 1859, la ville est prise d'assaut par les troupes franco-espagnole. Une nouvelle page d'histoire s'ouvre. Du point de vue de l'urbanisme, il s'agira d'une page de modernité.

Le projet de ville de 500.000 âmes sur une zone de 2.500 hectares de Coffyn, un colonel de génie civil, en 1862 était considéré comme utopique car toute la région du Sud du Viêt-nam ne comptait alors qu'environ 1.500.000 habitants. Pourtant, ce projet a exercé beaucoup d'influence sur le développement urbain à l'époque. Au tissu ancien, les nouveaux arrivants superposent un plan d'occupation des sols typiquement français. La colonisation française a laissé ses empreintes sur la ville. L'architecture de la ville est composée d'un mélange d'habitat vietnamien traditionnel et d'imposantes constructions françaises. Afin de répondre aux contraintes climatiques et aux exigences de salubrité et de fraîcheur, les ingénieurs et architectes marient les techniques vietnamienne et française : de hauts plafonds, des fenêtres étroites mais également des "toits débordants" issues de l'architecture traditionnelle vietnamienne.

 Illustration 7: Le plan de la ville de Saïgon élaboré par Coffyn
Illustration 7: Le plan de la ville de Saïgon élaboré par Coffyn

Un trait particulier des maisons au centre ville comme à Hanoï, ce sont des compartiments à la chinoise qui servaient en même temps de lieux d'habitation et de lieux de commerce. Le rez-de-chaussée était normalement réservé aux activités commerciales tandis que les étages servaient d'habitation à une ou plusieurs familles. Ces compartiments étaient caractérisés par l'étroitesse des façades permettant de regrouper le maximum d'étals sur le minimum d'espace (Consulat HCMV, 2002). Ce modèle de maison est très répandu à l'heure actuelle à Hô Chi Minh Ville ainsi que dans les autres villes vietnamiennes.

Pendant le mandat de M. Charles le Myre de Vilers (1879-1883), premier gouverneur civil de la Cochinchine, la politique volontariste a fortement accéléré le rythme de constructions nouvelles et le schéma urbain du centre ville a pris forme. (Consulat HCMV, 2002). Comme à Hanoï, les rues de Saigon en 1882 étaient aménagées suivant un plan en damier caractéristique des villes coloniales du 19ème siècle. De nombreux canaux, arroyos ou fossés ont été comblées dans les années 1880 pour devenir des boulevards ou rues.29 Les rues parallèles ou perpendiculaires au fleuve se coupaient à angle droit et divisaient l'espace en grandes parcelles, ce qui garantissait une bonne répartition des services et permettait également à long terme de ménager de futures zones de développement. La largeur des rues principales était de 40 mètres et les rues secondaires avaient 20 mètres de large. Les rues principales avaient des trottoirs de 4 mètres de largeur avec 2 rangées d'arbres de chaque côté. Les rues secondaires avaient des trottoirs de 2 mètres de largeur avec une rangée d'arbres de chaque côté. En 1893, Saïgon avait 93 kilomètres de rues.30

Illustration 8: Le tramway à Saïgon-Cho Lon en 1897
Illustration 8: Le tramway à Saïgon-Cho Lon en 1897

Le 27 janvier 1881, la ligne de tramway Saigon-Cho Lon avec une longueur de 5 km a été inaugurée. Pendant la semaine qui a suivi son ouverture, il a transporté 2000 voyageurs par jour. La mise en place d'un service de tramway entre les deux centres urbains Saigon et Cho Lon a contribué à lier le développement de Cho Lon à celui de Saigon.31 Mais il faut attendre les années 1920 et le comblement du marais Boresse pour que ces deux axes soient définitivement connectés via le boulevard Gallieni (aujourd'hui rue Tran Hung Dao). Le 20 juillet 1889, le Gouverneur Général de l'Indochine a décrété que la ligne tramway Saigon - Govap serait créée, puis étendue jusqu'à Hoc Mon. Après une longue durée de travaux, cette nouvelle ligne a été mise en service le 7 septembre 1897. Dès 1890, la Compagnie Française de Tramway (Indochine) a été établie à Saïgon pour exploiter les lignes construites. A partir de 1913, un réseau de tramway a pris forme. Le 18 octobre 1935 est mis en place la concession de quatre lignes de tramway et de l'ensemble du réseau de bus. (Schmitt, 1995)

De 1875 à 1914, la construction de Saigon a été accomplie et est devenue plus esthétique pour mériter d'être le chef lieu de la Cochinchine et même l'Indochine. Parmi les constructions importantes, on peut citer le Palais du Gouverneur, Hôtel de ville, la Poste, la Trésorerie, le Théâtre Municipal, la Cathédrale Notre Dame, Hôpital Grall, Nouveau Marché de Bên Thanh, le Lycée Chasseloup Laubat, le service de douane, la Chambre de Commerce. Après ce temps, Saigon était aussi appelé "la Perle de l'Extrême-Orient".

La première guerre d'Indochine (1946-1954) a provoqué de forts courants migratoires vers la capitale de la Cochinchine. De fréquents conflits à la campagne entre les Français et le Viêt-Minh, mais aussi avec les sectes Cao Dài et Hoa Hao, ont contribué à accélérer ce mouvement. Avec le départ des paysans aisés vers la capitale, on estime que la Cochinchine rurale a perdu presque 20%de sa population entre 1946 et 1951 (Goodman et al., 1972). Etant un pôle d'attraction, Saigon a vu son urbanisation s'accélérer.En 1943, Saigon a compté 143.197 habitants et Cho Lon 203.519 habitants. En 1951, Saigon et Cholon font une même ville sous le nom de la Préfecture de Saigon-Cholon. La population s'élevait déjà à 1.603.800 habitants. (NGUYEN Ba Dang, 1998).

Notes
29.

Par exemple boulevard Charner (aujourd'hui boulevard Nguyên Huê) était un grand canal, rue Chasseloup Laubat était un grand fossé (aujourd'hui rue Nguyên Thi Minh Khai), rue De la Grandière était aussi un fossé et marécage (aujourd'hui rue Ly Tu Trong), bouvevard Bonard était un arroyo (aujourd'hui boulevard Le Loi), etc.

30.

selon "lich su Thanh Pho Ho Chi Minh" (Histoire d'Hô Chi Minh Ville) http://www.hochiminhcity.gov.vn/home/ en vietnamien

31.

"Ce projet était devenu un impératif. Cho Lon, distante de 5 km, se développait alors rapidement grâce à l'essor de la communauté chinoise et attirait les activités commerciales de Saigon intra-muros. Monde clos, Cho Lon (grand marché en français) échappait largement au contrôle des autorités coloniales. L'affairisme de la population chinoise, sa cohésion et son désintérêt pour la culture des gouvernants représentaient pour l'administration des facteurs inquiétants qui entravaient l'instauration de l'ordre colonial". (Consulat HCMV : 39, 2002)