- iii - La congestion

La situation de la circulation connaît une forte transformation avec la croissance élevée du parc de deux roues à moteur qui contribue à accroître la fréquence des encombrements.

La conjonction de la densité urbaine très élevée à Hanoï et Hô Chi Minh Ville et de la prépondérance des modes de déplacement individuels fait que l'on est toujours affronté à des encombrements fréquents. Comme nous l'avons vu dans les sections précédentes, pour des raisons historiques la part de routes représente seulement 5% de la superficie totale de la ville à Hanoï et 3% à Hô Chi Minh Ville par rapport à 20-23% dans les villes des pays développés. L'insuffisance de routes, l'explosion des modes de déplacement individuels en plus de l'inondation sur un grand nombre de routes expliquée par un mauvais système d'égouts ont conduit au ralentissement de la vitesse de la circulation et même à la congestion chronique sur plusieurs endroits dans les deux villes.

La vitesse moyenne de déplacement actuel à Hô Chi Minh Ville est de 15 km l'heure. S'il n'y a aucune contrôle sur la croissance du parc des véhicules individuels, cette vitesse sera réduite à 6-7 km/heure en 2005 et 4-5 km/heure en 2010.43

La congestion ainsi que les accidents de la circulation est l'un des deux thèmes quotidiens de la presse. En 2002 il y a 37 points d'encombrement à Hanoï. Le niveau de gravité de la congestion à Hô Chi Minh Ville est plus grand carla densité de motocycles à Hô Chi Minh Ville est très élevée avec 14.000 motocycles/km sur plusieurs rues. A HCMV, il y avait 61 points pareils en 2003. La congestion à HCMV coûte 3 milliards de dong chaque jour et celle à Hanoï coûte 1 milliard selon le calcul du Ministère des Transports.44

La congestion a aussi de mauvaises répercussions sur la performance du bus. Comme il n'y a pas de couloir réservé au bus (sauf une ligne récemment mise en site propre à titre expérimental à Hanoï), des bus encombrants doivent circuler sur des rues étroites et denses que partagent toutes les sortes de véhicules. Le bus a donc du mal à respecter la ponctualité et la régularité.A Hanoï, en 2003, 2.872 voyages en bus n'ont pas été réalisés et 132.620 voyages en bus n'ont pas respecté les horaires à cause de la congestion.45

Il est nécessaire de reprendre les analyses faites dans le premier chapitre sur l'influence de la forme urbaine sur le transport dans les villes d'Asie du Sud-Est. Il ressort que les deux grandes villes du Viêt-nam ne sont pas différentes de leurs voisins asiatiques. La forme urbaine très dense implique un chemin à suivre en matière de transports urbains si l'on veut éviter la congestion urbaine chronique. La forte densité jusqu'à 25.000 personnes par ha en moyenne et le type d'habitat "maison tube" trouvé partout dans une ville vietnamienne font que l'espace bâti représente une grande majorité de la superficie de la ville et l'espace réservé au développement des infrastructures de transport est très limité.

Dans ce cas, le développement du transport individuel, notamment l'usage potentiel de la voiture particulière est presque infaisable du fait que cela entraîne des coûts de dédommagement colossaux sans compter des effets de coupure et de destruction sur le patrimoine urbain et architectural, notamment pour la ville d'Hanoï. Le développement des infrastructures routières au service de l'usage des modes individuels dans de telles villes denses implique aussi que l'espace vert et l'espace public doivent être réduit, ce qui conduit à baisser la qualité de vie urbaine. La limitation d'usage des véhicules individuels motorisés et le développement du transport collectif et des modes "doux" comme la bicyclette et la marche à pieds semblent-il constituer une voie durable pour les villes vietnamiennes ?

Figure 3 : Schéma d'évolution d'Hanoï
Figure 3 : Schéma d'évolution d'Hanoï
Notes
43.

Giai quyet ach tac giao thong o Tp.HCM : Cham la chet, (résoudre la question de la congestion : tarder est mourir) selon le Journal Tuoi Tre (la Jeunesse) du 05/07/2004

44.

Selon le journal An Ninh Thu Do (La Sécurité de la Capitale) du 02/08/2004

45.

Selon Nhan Dan (le Peuple) du 02/04/2004