Conclusion du chapitre 4

Jusqu'ici on peut dire à priori qu'il existe un modèle vietnamien assez spécifique de gestion de transport urbain.

De la gestion centralisée à la délégation des compétences aux municipalités, le gouvernement a créé des conditions favorables à une meilleure gestion des villes par les autorités locales. Comme nous allons montrer dans les chapitres qui suivent, notamment chapitre 6 et 7, la tendance de décentralisation du pouvoir gouvernemental joue un rôle important dans le renouveau du système de transports urbains dans les deux villes. On va voir que les municipalités sont capables d'appliquer des mesures de limitation d'usage des modes individuels motorisés malgré que le gouvernement central adopte une politique de promotion de l'industrie du motocycle et de l'automobile. Cette particularité rend les villes vietnamiennes différentes de celles de la région, notamment les villes chinoises.

D'ailleurs, une société civile en voie de développement constitue un autre facteur potentiel pour l'émergence d'un modèle vietnamien. Dans un pays où l'empreinte de l'organisation d'Etat reste forte dans les affaires locales, la voix des habitants compte beaucoup dans la prise de décision des autorités. Cela contribue à améliorer les politiques urbaines (dont celles de transport urbain), les rendant ainsi plus acceptables. La mise en application des mesures de restriction d'usage de deux-roues à moteur, par exemple, serait plus efficace.

Enfin, l'amélioration de l'expertise vietnamienne en matière de transport urbain accompagnée par l'expertise étrangère à travers les aides publiques au développement est aussi un facteur favorable à l'émergence d'une voie vietnamienne de transport urbain. Cette expertise locale en s'appropriant des pratiques professionnelles internationales (Système d'Information Géographique, logiciels de trafic, modèles d'études d'impacts, base de données sur les déplacements…dans le cadre des transferts de savoir-faire des consultants étrangers ou à la formation d'experts vietnamiens dans des équipes mixtes et dans les pays étrangers) est capable de surmonter les faiblesses de l'expertise étrangère dans le contexte local. Elle peut jouer le rôle d'un contre-expert vis-à-vis des recommandations de l'expertise étrangère en matière de transport urbain et préconiser aux décideurs politiques des modèles de développement qui intègre les atouts et les contraintes socio-économiques, culturelles, sociologiques du Viêt-nam et le particularisme de ses villes.