- Chapitre 6 - Les politiques de restriction de la motorisation

La congestion croissante du trafic, et ses conséquences environnementales et de santé fontl'objet de recherches depuis longtemps dans les pays développés, et plus récentes dans les pays en développement. Au cours des dernières décennies, les villes asiatiques en développement ont connu une forte motorisation en raison de leur croissance économique soutenue. En même temps, on observe que la congestion du trafic s'est accrue rapidement dans ces villes, au point de devenir un obstacle principal au développement de certains pays (Midgley, 1994; Forbes, 1996).

Bangkok, par exemple, a acquis la fâcheuse réputation de ville polluée et congestionnée. Une voiture est en moyenne stationnaire dans le trafic pour une période équivalente à 44 jours par an. (Ralph Gakenheimer, 1997). Pour cette raison, Bangkok a été qualifiée de "traffic disaster". Pourtant, on a progressivement collé les étiquettes semblables à Pékin, Taïpeh, Jakarta, Manille et Séoul (Dolven et al., 1997). L'Union Internationale du Transport Public a constaté des coûts importants de la congestion pour les 4 villes de l'Asie du Sud-Est.

Tableau 11 : Estimation des pertes dues aux embouteillages en 1996-1997
Villes Coût annuel du temps perdu (en millions d'US$) En % du PNB
Bangkok 272 2,1
Jakarta 68 0,9
Kuala Lumpur 68 1,8
Manille 51 0,7
Source : UITP ( 2003)

Comme la congestion du trafic empire dans les villes, les experts de transport ont proposé la prise en compte des externalités de la voiture privée, telles que la pollution environnementale et d'autres coûts sociaux. Les formes de taxes les plus utilisées dans les pays développés sont celles sur la propriété et l'utilisation de véhicules privés. Cependant, il y a peu de littérature antérieure sur les mérites relatifs de ces taxes dans les villes asiatiques.

En réalité, les instruments de restriction sont peu appliqués dans les pays en développement en général et dans les pays asiatiques en particulier. Les mesures dissuasives sont plutôt administratives et souvent appliquées de façon isolée. Sauf Singapour et Hong Kong où les coûts d'acquisition et d'usage de la voiture sont enchéris, les autres villes n'osent pas appliquer des mesures économiques contraignantes d'une part face à l'opposition forte de la population et d'autre part en raison de la volonté du pouvoir public de développement d'une industrie automobile.

Avant d'aborder le cas de deux villes vietnamiennes, il conviendrait de faire le point sur les expériences d'autres villes asiatiques en matière de restriction du transport individuel.

Encadré 2 : Le modèle de restriction d'usage de la voiture particulière à Singapour
Encadré 2 : Le modèle de restriction d'usage de la voiture particulière à Singapour