- 4 - Pékin

Le choix pour le développement d’un transport automobile de la Chine a été amorcé dans les années 1980 malgré qu'au début de cette décennie, la consommation de véhicule individuel soit interdite excepté les voitures de fonction pour les cadres et la flotte de taxis encore limitée. Au milieu des années 80, le gouvernement chinois a encouragé l’achat de véhicules dans le but de soutenir l’activité économique, de permettre les flux commerciaux en expansion, et de percevoir d’importantes rentrées fiscales. Ce sont alors les véhicules utilitaires qui se sont surtout développés.

La consommation de voitures particulières, considérée à cette époque comme un bien de luxe, était encore sévèrement restreinte au niveau national ou régional par des taxes et des droits dissuasifs. Au niveau de l'administration centrale, la TVA et la taxe à la consommation, les droits sur les valeurs d’achat ainsi que les droits sur l’entretien des routes représentaient au total 22% du prix de la voiture. Au niveau des administrations locales, ils étaient de l’ordre de 10 à 30%, auxquels s’ajoutaient des frais d’immatriculation, entre 15% et 50%. Les prix d’achat atteignaient donc parfois le double du prix du véhicule, et bien plus pour un véhicule importé. Ces mesures étaient telles que la Chine figurait parmi les pays dont les coûts d’utilisation d’un véhicule étaient les plus élevés. (Wang, 2002)

Cependant, depuis la promulgation de la politique industrielle du secteur automobile" en 1994, les autorités chinoises se penchent sur une politique favorisant l’achat des véhicules privés. Elles ont notamment diminué le taux d’intérêt des emprunts et réduit l’importance des droits et taxes pour l’acquisition et l’utilisation d’une voiture. En 2000, un engagement en faveur de la consommation automobile pour le développement économique national est clairement défini dans le 10ième plan quinquennal qui prévoit le développement de la période 2001-2005.

Les autorités souhaitent pouvoir équiper en automobile 20% des ménages d’ici 2020. L’incitation à l’achat se fait également au niveau du financement du véhicule, les emprunts pour les achats d’automobile sont facilités par les autorités centrales, de nouvelles lois sont promulguées permettant aux banques de prêter jusqu’à 90% du prix d’acquisition du véhicule, au lieu de 80% auparavant. De plus, les producteurs d’automobile peuvent à présent offrir des services financiers à leurs clients. En 2002, un quart des achats d’automobiles était financé par des prêts. Les autorités souhaitent voir augmenter ce chiffre qui atteint 80% aux Etats-Unis.95

C'est dans ce contexte que les villes chinoises en convergeant avec la politique de nationale de développement de l'automobile relâchent les réglementations de restriction d'usage de véhicules privés et même créent des mesures d'incitation à l'achat et l'usage de la voiture privée. Globalement, de 1992 à 2000, la ville de Beijing a connu une augmentation du nombre de véhicules de 15% par an, et Shanghai 12%, tandis que dans certaines villes cette croissance était de 30%. Le développement rapide et stable de l'économie chinoise a fortement soutenu le désir d’achat très fort dans la population chinoise pour laquelle la voiture particulière est un signe fort de reconnaissance sociale et de réussite. De son côté le plan officiel du gouvernement vise actuellement à la production d'une voiture à 80.000 RMB (environ 9.700 US$).

Dans la ligne de la politique nationale, Pékin ne donne aucun signe de restriction des achats de véhicules privés. Au contraire, les conditions d'enregistrement de véhicules sont plus faciles. Désormais, ceux qui habitent à Pékin mais n'ont pas de carte de résidence permanente peuvent acheter des voitures pour la première fois à Pékin.96 Liu Xiaoming, vice-directeur du Comité de Transport de la Municipalité de Pékin a dit : "la Ville n'a actuellement aucune restriction sur l'usage de la voiture particulière mais nous considérons l'augmentation des frais de stationnement de véhicules en centre ville"97

Selon Le Journal du Peuple,98 un droit de permis pour la voiture particulière et une "taxe de congestion'' imposés aux automobilistes circulant dans le centre de la ville sont à l'étude pour la plupart des grandes villes chinoises confrontées aux problèmes de trafic. Pékin n'est pas une exception. Mais puisque de telles mesures renchériraient le coût d'usage et entameraient ainsi l'enthousiasme de consommateurs d'acheter des voitures, une forte opposition de l'industrie automobile et des individus s'élève depuis que la proposition a été rendue publique en septembre 2003.

A l'heure actuelle sauf les mesures concernant le contrôle technique d'automobile pour limiter les émissions, les mesures économiques de restriction du trafic ne sont pas accentuées.

Notes
96.

 "Owning a Car Is No Longer a Privilege Just For Native Beijingers"

http://www.btmbeijing.com/contents/en/business/2005-04/policy4/Article.2005-04-13.

97.
98.

"Bad traffic cuts into Beijing's bottom line" (China Daily 2003-11-22)