Dès 2002, les autorités d'Hô Chi Minh Ville envisageaient, elles aussi, des mesures restrictives afin de réduire les accidents de la route et la congestion. Ainsi, de nombreux colloques et séminaires ont été organisés par les organismes vietnamiens en charge du transport urbain ou par les bureaux d'études étrangers.
Suite à la signature du décret n°13/2002/NQ-CP du gouvernement, le Comité Populaire d'Hô Chi Minh Ville ont organisé des réunions avec tous les responsables en chargé des transports urbains afin d'envisager des mesures restrictives. On peut mentionner ici une réunion qui a eu lieu le 5 novembre 2002, au siège du Journal Saigon Libéré. Le fait de faire venir le vice-ministre des Transports, le maire, et les trois adjoints au maire montre l'importance de la situation et des mesures à considérer contre la congestion. Six mesures ont été considérées dont une mesure sur plusieurs étapes relative à la restriction de deux roues motorisés.
Il est intéressant de faire un relevé d'avis pour voir les attitudes de la municipalité d'Hô Chi Minh Ville sur les mesures contre la congestion. Tout d'abord, il semble que tous les participants à la réunion sont d'accord sur la nécessité de la limitation d'usage de deux-roues motorisés mais ils sont partagés sur le choix de mesures à appliquer. Monsieur l'adjoint au maire Vu Hung Viet a proposé d'interdire l'immatriculation pendant 6 mois mais de l'autoriser ensuite sous certaines conditions "contraignantes". Monsieur l'adjoint au maire Mai Quoc Binh a par contre soutenu que les mesures de restriction devraient concerner la voiture particulière ainsi que le deux-roues motorisé. Enfin, Monsieur le premier adjoint au maire Nguyen Thien Nhan ne s'est intéressé qu'à l'interdiction de l'usage de deux-roues motorisés aux écoliers mais a proposé la promotion de l'usage de la bicyclette et du transport scolaire.
Il ressort de cette réunion que toutes les mesures considérées par la municipalité d'HCMV sont en grande partie convergentes avec les composantes d'une politique de transport visant à limiter l'usage du transport motorisé. Cependant par rapport à la ville sœur d'Hanoï, Hô Chi Minh Ville est devancée en ce qui concerne la restriction de motocycles. On ne sait pas si cela est dû au manque de détermination des autorités d'HCMV ou dû à la forte opposition de la population. Mais il est vrai que les responsables qui expriment manifestement leur volonté de restriction sont peu nombreux par rapport à Hanoï. Il n'y a que le directeur du TUPWS qui réitère toujours sa proposition à chaque séance du Conseil Populaire.
Pendant l'année 2003, 2004 et une partie de l'année 2005, à chaque séance du conseil populaire, le directeur du DUPWS et un adjoint au maire ont à plusieurs reprises évoqué la prise des mesures de restriction plus rigoureuses que celles ordonnées par le gouvernement. Dès le début 2003, le DUPWS a proposé de fixer un plafond de 2,6 millions pour le parc de motocycles en 2005. Un quota serait fixé à l'avance pour 2003, 2004 et 2005. En 2003 seulement 140.000 motocycles sont autorisés à l'immatriculation, 100.000 motocycles pour 2004 et 60.000 motocycles pour 2005.
Mesures proposées par le TUPWS | Année de mise en œuvre |
Plafond du parc : 140.000 motocycles | 2003 |
Plafond du parc : 100.000 motocycles | 2004 |
Plafond du parc : 60.000 motocycles | 2005 |
Plan "1 pour 1" | 2006 |
Péage imposé au motocycle | 2007 |
Plan "2 pour 1" | Après 2010 |
Source : www.sggp.org.vn le 12 mars 2003 |
A partir de 2006 il n'y aura plus d'immatriculation et un plan "1 pour 1" sera mis en place (lorsqu'un motocycle est supprimé dans le registre ou lorsqu'une carte grise est retirée, une nouvelle immatriculation sera permise). Après 2010, le plan "2 pour 1" sera appliqué pour réduire le parc de deux-roues motorisés et aussi une mise aux enchères du droit d'immatriculation comme à Shanghai.110 Depuis 2007, si le transport collectif par autobus est bien assuré aux points de péage actuels en périphérie (qui ne concernent que les automobilistes), un péage routier devra être imposé aux usagers de deux-roues à moteur.
Malheureusement, la plupart des députés du Conseil Populaire ne sont pas d'accord sur les mesures du DUPWS, croyant que l'application des mesures "donneront lieu à la corruption". C'est bizarre car il s'agit de deux questions différentes. Le Conseil Populaire n'a pas peur de l'opposition des habitants à l'application des mesures mais de l'éventuelle corruption des cadres en charge. Les membres du Conseil Populaire sont d'accord en principe sur la nécessité de la restriction des véhicules individuels mais n'acceptent que le renforcement de contrôle régulier et de pénalisation lourde des infractions au code de la route, en combinaison avec les campagnes d'information et de sensibilisation.
Le DUPWS ne veut pas laisser tomber les mesures restrictives plus rigoureuses. Le directeur du DUPWS à chaque occasion de parler du transport urbain de la ville, il s'appuie toujours sur de gros chiffres mis à jour111pour évoquer les conséquences de la non prise des mesures restrictives. Il a souligné que la vitesse moyenne en ville de 15 km l'heure sera réduite à 6-7 km l'heure en 2005, à 4-5 km l'heure en 2010 et tend vers zéro après. Il a expliqué "Il est vrai que depuis l'application des mesures contraignantes proposées par le Ministère de la Sécurité Publique et le Ministère des Finances le nombre de motocycles nouvellement immatriculés baisse de 31.000 en moyenne par mois à 14.000 par mois. Mais le nombre d'immatriculations augmentera de nouveau s'il n'y a pas de mesures efficaces pour la suite."112
En partageant l'idée du directeur du DUPWS, le chef de la police du trafic routier de Ho Chi Minh trouve très nécessaire l'application des mesures plus dissuasives parce qu'il s'inquiète de la croissance du parc automobile. "Récemment les habitants ont tendance à utiliser la voiture particulière. Puisqu'il n'y a pas de grand écart entre le prix d'une voiture acceptable et celui d'un motocycle de luxe", a-t-il expliqué.
Le directeur du DUPWS reconnaît que l'application des mesures restrictives des modes de transport individuel est un travail difficile car elle touche la vie des millions d'habitants d'Hô Chi Minh Ville. "L'exécution de ces mesures est synonyme du changement d'une habitude ancrée depuis longtemps dans leur conscience." Le directeur fait preuve de sa volonté. "Oui, c'est difficile mais il faut faire. Dans un premier temps, peut-être les mesures proposées ne reçoivent pas l'accord d'une partie de la population mais nous acceptons la critique."
Il conclut que pour mener à bien ce travail, il faut passer par un processus de persuasion de la population et ce qui est plus important, c'est "demander leur avis" par l'intermédiaire des médias. Dans la ligne de ce point de vue, le DUPWS a organisé plusieurs échanges en direct sur le site web du Journal Saigon Libéré et à travers celui-ci posté un éventail de mesures restrictives pour inciter le public à donner leurs réactions. Malheureusement pour Hô Chi Minh Ville, jusqu'à maintenant le lancement des nouvelles mesures dissuasives n'a pas encore reçu la réponse favorable de la majorité des habitants et surtout du Conseil Populaire.
Il est clair que l'application des mesures restrictives n'est pas facile car elles touchent une grande partie de la population. Il est normal que les habitants s'opposent aux mesures restrictives. Même les spécialistes de transport comme Jonathan E. D. Richmond a contesté les mesures restrictives d'usage de deux-roues motorisés au nom de la protection des pauvres urbains. "Vous ne pouvez pas interdire l'utilisation de motocyclette car c'est, en effet, la seule source de mobilité pour beaucoup de pauvres. Souvent, ils vivent vers le bas des "sois" labyrinthiques, et les déplacements qu'ils font ne sont pas simplement satisfaits par le transport en commun."113
On s'appuie souvent sur cette argumentation dans nombreux journaux électroniques au Viêt-nam pour s'exprimer contre les mesures récemment appliquées et actuellement proposées.Les initiatives prises dans le développement du transport collectif ne manquent pas mais aucune nouvelle mesure n'a été prise pour restreindre l'acquisition et l'usage du motocycle à Hô Chi Minh Ville sauf celles dictées par le gouvernement et les Ministères. L'exemple d'Hanoï montre que tout est possible si le pouvoir public a leur volonté politique.
"Hô Chi Minh Ville propose de ne pas suspendre définitivement l'immatriculation de nouveaux motocycles", www.sggp.org.vn du 12/03/2003
Par exemple en 2003 il y a 2,36 millions de motocycles, 67.000 automobiles et environ 1 million de vélos; en moyenne un kilomètre de route doit supporter 1.400 véhicules
"Amélioration de la circulation urbaine : vaux mieux d'être critiqué que de ne faire rien", www.vnn.vn du 17/06/2004
Jonathan E. D. Richmond ( richmond@alum.mit.edu ) "Bangkok Car free day- who can ride motorised and who cannot" au forum Sustran (Asia and the Pacific sustainable transport) sustran-discuss@list.jca.apc.org , Wed 6 Jul 2005.