- 4 - L’évolution de la fréquentation des réseaux comme illustration du renouveau

Si en 2000 la fréquentation à Hanoï s'arrête à 12,4 millions, en 2004 ce chiffre a monté à 285,3 millions. La croissance rapide de la fréquentation du bus a confirmé le succès du transport collectif et en même temps changé la pratique de déplacements des Hanoiens. Il est à noter que la fréquentation annuelle ne cesse pas de monter. Si en 2002, la première année de relance, il y avait 48 millions voyages-passagers, la fréquentation en 2004 se multiplie par cinq (Duc Quang, 2004). La fréquentation de 2004 s'élève à 285,3 millions de personnes, soit une augmentation de 100 millions par rapport à celle de 2003.

Le renouveau du transport collectif par autobus à Hanoï est classé parmi les 10 événements remarquables de la Capitale pendant deux années consécutives 2002-2003 (Phuong Thanh, 2004). Monsieur Bui Xuan Dung, Directeur Général du Groupement est d'accord sur ce classement parce que "depuis la relance des transports collectifs en 2002, personne ne pense que la fréquentation annuelle pourra atteindre 200 millions par an." A nombreux arrêts de bus à Hanoï, il y a toujours un nombre important d’usagers en attente de l'arrivée du bus.

Illustration 19 : Beaucoup d'usagers de bus à un arrêt d'Hanoï
Illustration 19 : Beaucoup d'usagers de bus à un arrêt d'Hanoï

A Hô Chi Minh Ville la fréquentation des bus pilotes est plus faible par rapport à sa taille démographique supérieure de deux fois. Cette ville a aussi connu une augmentation de 0,19 millions de passagers par mois ou 16.000 passagers par jour en janvier 2002 à 6,5 millions par mois ou 548.000 passagers par jour en décembre 2003. Le nombre de passagers du transport en commun a donc une tendance à la hausse. Le nombre moyen de passagers par véhicule s'accroît de 18 passagers à 22 passagers sur la même période. (TDSI South, 2004)

Tableau 21 : L'évolution de la fréquentation du réseau de bus depuis la mise en œuvre des lignes pilotes (en millions de passagers)
Tableau 21 : L'évolution de la fréquentation du réseau de bus depuis la mise en œuvre des lignes pilotes (en millions de passagers)

Le volume de fréquentation de bus à Hô Chi Minh Ville est plus faible que celle d'Hanoï malgré une population supérieure de deux fois. Cela peut s'expliquer par plusieurs facteurs.

Tout d'abord, comme 80% des passagers de bus à Hanoï sont des abonnés mensuels,144 il est normal que la fréquentation des passagers est élevée. Les abonnés ont tendance à utiliser le bus plus souvent que les payants au ticket.

Ensuite, la distance parcourue moyenne par les usagers de bus à Hô Chi Minh Ville est 7-8 km comparé à 4,5 km à Hanoï, c.-à-d. le nombre de montées et descentes est plus important à Hanoï. D'ailleurs le temps de service à Hanoï commence à 5:00 et fini à 20:00 ou 21:00 pour toutes les lignes tandis qu'à Hô Chi Minh Ville le service se termine à 19:00 sauf sur la ligne n°1 dont le service est assuré jusqu'à 21:30.

De plus, lors de la mise en service des premières lignes pilotes en début 2002, les bus à Hô Chi Minh Ville restaient âgés, pour la plupart, de plus de 20 ans et laids. Le bus était une mauvaise image aux yeux des habitants. La croissance de la fréquentation par rapport à 2001 s'explique par l'effet tarif (1.000 VND le ticket pour tout trajet quelle que soit la distance parcourue). Au contraire, les bus d'Hanoï étaient tout neufs lors de leur mise en service et en dépit d'un tarif plus élevé (2.500 VND par passager) la fréquentation à Hanoï est plus élevée. D'ailleurs en 2002 les lambros restaient en service à Hô Chi Minh Ville et assuraient une part assez importante du transport de passagers (15,2 millions pour 2001 et 9,5 millions pour 2002). Mais comme les bus vétustes, le lambro donnait aussi une image négative.

Enfin l'information sur le réseau de bus est meilleure à Hanoï. La Compagnie de Transport Public d'Hanoï a un siteweb www.hanoitranserco.com.vn avec toutes les informations utiles sur les horaires, les itinéraires, le tarif, les points de vente, etc. Il est un peu comparable au siteweb www.tcl.fr de l'agglomération lyonnaise mais celui d'Hanoï a beaucoup de choses à améliorer. Sur ce point, Hô Chi Minh Ville reste en retard avec seulement un numéro d'urgence du MOCPT145 et une liste simplifiée de lignes hébergée sur les Pages Jaunes www.yp.com.vn/info/vmap-bus à très peu d'utilité.

La dernière hypothèse est que l'habitude d'utiliser le bus à Ho Chi Minh est plus faible qu'à Hanoï. Autrement dit, les Saigonais sont plus enclins à utiliser les deux-roues motorisés qu'à prendre le bus. Peut-être, c'est parce qu'il n'est pas agréable de marcher à pied à la station de bus dans un climat chaud.

Quoi qu'il en soit, depuis la relance du secteur de bus, les deux villes voient la fréquentation augmenter année après année. Bien que l'accroissement de la fréquentation reste modeste et la part du transport collectif reste faible, pas beaucoup de gens qualifient le bus de "très mauvais" comme avant, ce qui montre que les habitants sont attirés vers le transport collectif par autobus.

Notes
144.

www.vnexpress.net du 29/10/2004

145.

Management and Operation Center for Public Transport, une sorte d'Autorité Organisatrice des transports urbains