Chapitre 8 Prise en compte des transports non motorisés : une utopie ?

Les transports non motorisés en Asie retiennent l’attention des observateurs, des chercheurs, des organisations internationales depuis plus de dix ans alors même que leur déclin relatif est observé un peu partout, même si cette tendance est plus récente dans les grandes villes chinoises ou vietnamiennes. Les TNM (transports non motorisés) ont d’ardents défenseurs comme Michael Replogle et plusieurs économistes des transports japonais préconisent sinon leur développement, au moins leur maintien. Ces dernières années, les politiques de grandes villes en Inde ou en Indonésie visant à supprimer ou restreindre encore plus fortement l’activité des cyclo-pousses ont fait l’objet de vifs débats dans la presse et entraîné des manifestations dans les rues de la part de leurs défenseurs. La poussée de la motorisation du deux roues, plus récemment de la voiture, plus ou moins encouragée par les politiques de transport de la plupart des pays d’Asie du Sud-Est, la lutte contre la congestion défavorable aux modes "lents", l’image de modernité que veulent donner les municipalités des grandes métropoles d’Asie semblent conduire à un recul inéluctable sinon à la disparition de modes de transport non motorisés. Dans ce chapitre, les transports non motorisés considérés sont la bicyclette, le cyclopousse, et la marche à pied quand il sera question du Viêt-nam.

Avant de s’interroger sur les perspectives des TNM dans les villes vietnamiennes, on dressera un rapide état des lieux pour l’ensemble de l’Asie du Sud-Est et de la Chine.

Des villes comme Bangkok, Jakarta, Kuala Lumpur, Surabaya et Manille étaient traditionnellement orientées fortement aux modes de transport non-motorisés. C'est pour cette raison qu'elles étaient considérées comme "low-cost strategy cities" car elles consommaient moins d'énergie pour le transport en comparaison avec des villes occidentales (Thomson, 1977). Les villes asiatiques en général sont caractérisées par de hautes densités et forte mixité d'usages du sol, lesquelles sont idéales pour l'usage des modes non-motorisés du fait que des distances courtes suffisent pour satisfaire à la plupart des besoins de déplacement. En effet la plupart des villes dans les pays en voie de développement par le passé et au présent dépendaient fortement de ces modes doux, y compris des véhicules à traction animale.