Conclusion générale

Au cours des trente dernières années, les grandes métropoles de l’Asie du Sud-Est ont été confrontées aux défis d’une urbanisation plus ou moins contrôlée, à la rapide motorisation d’une part de plus en plus importante de la population et aux nuisances qui l’accompagnent en termes de pollution de l’air, de bruit et de congestion d'autre part. Aujourd’hui on semble prendre conscience que le développement des infrastructures routières et autoroutières en réponse aux problèmes de transport non seulement n’apporte pas la solution à ces problèmes mais plutôt les amplifient. A cet égard les expériences actuelles de Pékin ou de Shanghai en sont l’illustration. Les concepts de développement urbain durable, de transport durable sont de plus en plus appropriés par les gouvernements centraux et les municipalités alors que leur contenu reste encore flou. Cependant plusieurs villes semblent montrer que les "modèles" de Bangkok ou de Jakarta ne sont pas inéluctables comme Kumning en Chine ou Surabaya en Indonésie.

Au Viêt-nam, après dix années de fermeture totale qui se sont traduites par une régression économique d'autant plus marquée qu'elle fait suite à trente années de guerre, la modernité se pose comme modèle, comme objectif à atteindre. L’industrialisation et la "modernisation" sont toujours évoqués par les dirigeants vietnamiens à tous niveaux depuis le début des années 1990 comme les objectifs de la politique économique.

Depuis le Doi moi au milieu des années 80, Hanoï et Hô Chi Minh Ville restent encore à la croisée des chemins. Elles se trouvent désormais confrontées à des niveaux croissants d’encombrement et à la détérioration de la qualité de l’air imputable en grande partie aux transports motorisés. Va-t-on s’orienter vers un schéma ou un modèle comparable à celui de Jakarta ou de Bangkok ? Ou au contraire un autre modèle est-il en mesure d’émerger ? C’est à cette interrogation que cette thèse a tenté de répondre. Plus généralement, un modèle de développement pour les villes vietnamiennes entre le "laisser-faire de Bangkok, et le "despotisme éclairé de Singapour pourrait-il se dessiner comme semblent le penser certains observateurs (Decoster et al., 1995)191qui espèrent qu'une alternative entre ces deux extrêmes est encore possible.

Notes
191.

"A travers l'articulation entre développement international et développement local pourrait se dessiner un modèle alternatif, collage d'influences extérieures interprétées ou détournées, de traditions culturelles, de réminiscences collectivistes, et d'interventions contemporaines. La dynamique internationale agirait à la fois comme support économique et comme stimulant du développement local." Hanoi, fragments de mutation" cité en bibliographie, p. 277.