Pauvreté et mobilité dans les villes au Viêt-nam

La pauvreté dans les villes et les politiques visant à la réduire ont l'objet de nombreuses recherches au Viêt-nam. Cependant, les incidences des politiques de transport sur les populations pauvres et à faibles revenus, le lien entre la pauvreté et la mobilité quotidienne ne sont pas étudiés au Viêt-nam, du moins à notre connaissance alors ces thèmes ont déjà fait l'objet de nombreux travaux de recherche dans d'autres pays d’Asie et d’Afrique.

Dans nombreuses villes d’Asie, l'accès aux transport collectifs n'est pas à la portée d’une partie des habitants ou il représente un grand poids dans les dépenses des ménages. Les hausses tarifaires, même peu importantes, peuvent avoir de grandes répercussions sur la mobilité des populations pauvres. Alors que la plupart des déplacements par les pauvres s'effectuent à pied et surtout en bicyclette, ces modes sont souvent ignorés dans des politiques de transport.

La conjugaison de la forte motorisation et d'autres facteurs peuvent favoriser un développement urbain étendu avec des déplacements plus longs, ce qui rend plus difficile la desserte de nouvelles résidences des pauvres par le transport collectif ou par les transports non motorisés.

Selon P. Barter, la dépendance des véhicules à moteur tend à marginaliser les transports non motorisés et à réduire la variété des transports collectifs disponibles aux pauvres. Barter et Kenworthy (1997) estiment qu’une intervention des pouvoirs publics au début du processus de la motorisation pourrait favoriser la mobilité des pauvres urbains en préservant la viabilité des modes de transport dont ils dépendent.

Cette hypothèse est-elle validée dans le cas du Viêt-nam ? Favoriser l'usage de la voiture ou du deux roues à moteur a ou non un impact sur la vie des pauvres urbains en ville ? La réponse est sans doute affirmative mais dans quelle mesure et de quelle façon. Ou bien l'augmentation du tarif de transport collectif urbain dont les pauvres urbains dépendent pour gagner leur vie a-t-elle un impact négatif sur eux ? Ou est-ce que des tarifs sociaux en faveur des couches les plus pauvres de la population sont-ils nécessaires ? Par ailleurs, à la suite des mouvements d’expropriations, les populations déplacées en périphérie perdent leurs activités ou leurs emplois antérieurs ou sont contraintes de se déplacer sur de longues distances pour aller travailler sur leurs lieux de travail ou chercher un autre emploi. Comment les populations les plus pauvres s’adaptent-elles à ces situations en termes de mobilité ?

Une bonne connaissance à ce sujet inciterait les décideurs politiques dans le transport à prendre en compte les effets pervers de leur politique sur les pauvres urbains. Nous croyons que toutes ces questions doivent conduire à une nouvelle piste de recherche sur le transport urbain au Viêt-nam.