3.2.1. Expérience 1 : Quelle est l’influence des erreurs sur la résolution du problème cible ?

L’objectif de cette expérience est d'étudier le rôle des erreurs sur les performances obtenues au problème cible. Selon Gick et McGarry, puisque la cible utilisée est un problème difficile, rendre également difficile la source conduirait les sujets à faire des erreurs communes dans les deux problèmes. Ces erreurs communes favoriseraient la prise de conscience d’une relation entre la source et la cible.Les erreurs joueraient ainsi un rôle « d'indice de récupération ».

Pour appuyer cette hypothèse, ces auteurs réalisent une analyse des erreurs commises en source et en cible. Ils portent une attention particulière aux réponses pour lesquelles les sujets proposent une solution qui ne prend pas en compte la parité (le concept clé pour la résolution), c’est à dire l'égalité numérique initiale des éléments « homme/femme » et la rupture de la parité entre ces deux éléments. Ces réponses, qualifiées d’erreurs de « non-parité » (nonparity solution failures), reflètent une représentation erronée du problème source. D’après ces auteurs, ces erreurs joueraient un rôle particulier dans le transfert. Ainsi, Gick et Mc Garry (1992, p. 631) avancent : « A crucial prediction was that subjects would produce more nonparity solution failures to the diagram-only version [la version « difficile »] of the dinner party problem than to the verbal versions [la version« facile »]). » Leurs résultats confirment bien cette hypothèse : le nombre d’erreurs de « non-parité » est supérieur pour le groupe ayant eu la version difficile de la source. Selon nous, une deuxième prédiction, tout aussi « cruciale » peut être faite : la supériorité d'un groupe sur l'autre au problème cible doit être due à la différence de proportion en erreurs de « non-parités » observée sur la source.

Or dans leur article, Gick et McGarry ne donnent pas d'informations permettant de mettre en liaison les réponses en source et en cible. Aussi, nous avons répliqué à l'identique l'expérience de Gick et Mc Garry (1992) dans le but de procéder à cette analyse importante : la mise en relation des erreurs réalisées en source et de la réussite en cible. Si les erreurs de « non parité » jouent un rôle dans le transfert, les sujets ayant fait ce type d’erreurs en source devraient d’avantage réussir le problème cible que les autres sujets.

Dans cette expérience, qui comporte quatre étapes, nous avons d’abord présenté l’une des deux versions (facile vs difficile) du problème du dîner, puis sa solution. Ensuite nous avons présenté le problème de l’échiquier en situation de transfert spontané. Puis une tâche de rappel de la source a permis de vérifier que les réponses incorrectes au problème de l’échiquier n’étaient pas causées par une mauvaise mémorisation du problème source. Enfin, le problème était de nouveau présenté en situation de transfert indicé. Lors de l’analyse des résultats, nous avons identifié le type d’erreurs commises sur le problème source que nous avons mis en relation avec les réponses produites en transfert spontané.