3.2.2. Expérience 2 : La saillance des traits de structures conduit-elle à prendre conscience du lien entre source et cible ?

Rappelons qu’afin d’expliquer le rôle de la saillance des traits de structure sur la réussite d’un problème cible, nous proposons trois hypothèses. Selon une première hypothèse, réduire la saillance des éléments pertinents pour la résolution du problème source augmente la réussite du problème cible car cela favorise la prise de conscience par les sujets de l'existence d'un lien entre la source et la cible (par exemple en faisant des erreurs similaires dans les deux problèmes). Selon la seconde hypothèse, réduire la saillance des éléments pertinents favorise une meilleure mémorisation de la source. Selon la troisième hypothèse, réduire la saillance des éléments pertinents favorise la réussite de la cible car les sujets construisent une connaissance plus générale à partir de la source.

Dans l’expérience 1, nous avons étudié le rôle des erreurs dans la réussite de la source en répliquant l’expérience de Gick et McGarry. Cette expérience n’a pas montré de lien entre les erreurs commises sur la source et la réussite du problème cible. Si, comme le suggère la première hypothèse, la version difficile du problème source favorise la prise de conscience d’un lien entre source et cible, nos résultats montrent que les erreurs commises sur le problème source ne semblent pas jouer un rôle dans cette prise de conscience.

Dans l’expérience 2, nous testons spécifiquement l’effet de la saillance des traits de structure sur la prise de conscience du lien entre source et cible. Si rendre peu saillant l'élément structural important conduit les sujets à prendre conscience de l'utilité de la source pour résoudre la cible, la différence entre les deux groupes devrait disparaître dès lors que les sujets sont informés du lien entre les problèmes source et cible. Si, au contraire, rendre peu saillant l'élément important améliore la mémorisation de la source ou l’élaboration d’une représentation abstraite, la différence entre les deux groupes devrait se maintenir.

Il est à noter que, dans la recherche Gick et McGarry (1992), lorsque les sujets n'ont pas transféré spontanément dans la première phase, ils sont informés du lien entre source et cible dans une deuxième phase et doivent tenter à nouveau de résoudre le problème cible. Cette phase venant à la suite du transfert spontané et ne concernant que les sujets qui n'ont pas réussi le problème dans la première phase, il est difficile d’en tirer une conclusion. Aussi, dans cette expérience, nous avons choisi d’informer les sujets de l’utilité de la source pour résoudre la cible directement après avoir passé le problème du dîner dans sa version « facile » ou « difficile » (situation de transfert indicé).

Les sujets cherchent donc à résoudre l’une des deux versions du problème du dîner, étudient sa solution, puis passent le problème de l'échiquier en étant informés de l’intérêt d’utiliser le problème source pour résoudre le problème cible.