10.1.2. Utilisabilité et EIAH

Ces différentes méthodes doivent être adaptées aux EIAH. En ce qui concerne l’évaluation analytique, il est possible d’utiliser les attributs et critères ergonomiques pour évaluer l’utilisabilité des EIAH (Squires et Preece, 1999), mais ceux-ci doivent parfois être adaptés en fonction de l’objectif pédagogique du logiciel, des utilisateurs des EIAH et de la tâche. Ainsi, lorsque l’objectif de haut niveau (l’apprentissage) diffère de l’objectif à court terme de l’utilisateur, la définition de certains critères tels que l’efficacité doivent être reconsidérés : dans un EIAH ayant pour objectif à court terme la résolution de problèmes, on peut privilégier un parcours tortueux du point de vue de la résolution de problèmes, plus bénéfique pour l’apprentissage, même s’il est perçu comme moins efficace qu’un parcours linéaire. D’autres critères doivent être précisés : par exemple l’application du critère de gestion des erreurs (Bastien et Scapin, 1993) aux EIAH nécessite de faire la distinction entre deux types d'erreurs : les erreurs dans l'utilisation du logiciel et les erreurs au sens de réponses erronées (erreurs conceptuelles) (Jean, 2000). Si les erreurs d’utilisation du logiciel doivent être empêchées ou corrigées, suivant ainsi la recommandation de Bastien et Scapin, la gestion des erreurs conceptuelles doit être traitée indépendamment en fonction de la théorie cognitive sous-jacente à l’EIAH. Ainsi, dans une perspective behavioriste, on choisira de corriger immédiatement chaque erreur, tandis que dans d’autres perspectives on pourra laisser l’apprenant se rendre compte lui-même de ses erreurs.

Les autres méthodes d’évaluation analytique présentées sont plus difficiles à adapter à des systèmes laissant de nombreux degrés de liberté tels que les EIAH. L’utilisation de check-lists semble être peu adaptée (Squires et Preece, 1999) du fait qu’elles ne prennent pas en compte le contexte d’utilisation réel du logiciel, contexte particulièrement important en EIAH. L’utilisation des « inspections cognitives » peut être envisagée, mais seulement pour certains types d’EIAH. En effet, cette méthode demande souvent une modélisation très détaillée de la tâche, ce qui est réalisable pour des environnements d’apprentissage qui favorisent le développement de compétences très précises, mais pas pour des environnements qui permettent une certaine créativité ou qui peuvent être employés de manières différentes suivant les apprenants.

Les méthodes d’évaluation empiriques sont plus flexibles et semblent plus appropriées aux EIAH dans la mesure où les utilisateurs observés sont représentatifs des apprenants qui utiliseront ensuite le système. Les méthodes classiques d’observations et d’entretiens peuvent donc être utilisées. Par ailleurs, il peut être intéressant de conduire ces observations dans le contexte d’utilisation envisagé pour le logiciel afin de déterminer si les apprenants ont le comportement et les résultats escomptés dans des conditions proches de la réalité (Hoecker et Elias, 1986).