11.2.5. Discussion

Le test de résolution de problèmes montre une progression des élèves lorsque l’un des logiciels est utilisé. Cependant, l’utilisation de Ambre-add n’a pas plus d’impact sur l’apprentissage que les logiciels contrôles. Par ailleurs, les tests destinés à évaluer spécifiquement l’acquisition de la méthode ne permettent pas d’affirmer que des classes de problèmes ont été acquises ni qu’elles peuvent être liées à des outils de résolution. Ces différents résultats ne mettent donc pas en évidence d’impact du principe de Ambre (le « cycle Ambre ») sur l’apprentissage de la méthode.

On peut proposer différentes explications à cette absence de différences de performances entre logiciels. D’abord, il faut souligner différentes difficultés d’ordre méthodologique qui rendent la comparaison entre logiciels difficile. D’une part, le déroulement du test de choix forcé n’a pas été conforme au protocole. En effet, dans 30 % des cas, les élèves ont répondu sans lire les énoncés des problèmes présentés. Les résultats obtenus sur les données restantes ne sont pas très représentatifs de l’ensemble des réponses données et sont donc difficilement interprétables. Comme ce test est fait en fin de séance, cette attitude peut s’expliquer par une baisse de concentration et de motivation. De plus, dans le logiciel Ambre-add, aucun message de diagnostic n’est donné lorsque la réponse est juste. Certains élèves ont pu interpréter l’absence de diagnostic négatif comme un indice de réussite. Ainsi la tâche de choix forcé telle qu’elle a été présentée n’est pas très adaptée pour évaluer la capacité des apprenants à reconnaître que deux problèmes appartiennent à la même classe. D’autre part, le groupe utilisant le logiciel résolution simple a résolu plus de problèmes que les autres groupes (14 problèmes au cours des 6 séances contre 9 problèmes en moyenne avec Ambre-add). Enfin, l’assistance fournie par les encadrants était de nature différente suivant les groupes. Lors de l’utilisation des logiciels Ambre-add et « reformulation-résolution », les encadrants reformulaient les messages d’aides et de diagnostic en aidant l’apprenant à se situer dans le logiciel. Dans le groupe « résolution simple » les encadrants aidaient les apprenants à reformuler le problème pour identifier l’inconnue et les informations pertinentes pour la résolution, ce qui pouvait parfois ressembler à ce qui était demandé dans l’étape de reformulation de Ambre-add.

Par ailleurs, les élèves ont éprouvé des difficultés à utiliser le logiciel. Ils ont souvent eu des difficultés pour lire les instructions et les différents messages. Ils ont également eu des difficultés à identifier les raisons de leurs erreurs, ce qui a souvent limité leur progression. Par ailleurs, ils ne maîtrisent pas la technique de calcul. La sous-étape consistant à calculer la solution numérique leur a donc souvent demandé un effort important alors qu’elle n’est pas essentielle pour l’apprentissage de la méthode, ce qui a pu nuire à cet apprentissage.

Enfin, l’utilisation effective du logiciel était souvent différente de l’utilisation prescrite ; il semble que les élèves n’aient pas mis en œuvre les processus de généralisation dans les différentes étapes. Lors de l’analyse des exemples, certains apprenants ont mis en œuvre un raisonnement anticipatif tandis que d’autres n’ont pas accordé d’attention aux problèmes-types. Dans l’étape de reformulation, les apprenants ont éprouvé des difficultés importantes et certains remplissaient cette étape par tâtonnement ou avec l’aide d’un encadrant. Dans l’étape de choix du problème-type, ils devaient comparer les problèmes avant de choisir. S’ils réussissaient facilement à choisir le bon problème, ils ne consacraient que peu de temps à comparer les problèmes. Enfin, nous attendions la mise en œuvre d’un processus d’adaptation lors de l’étape du même nom ; or les élèves n’utilisaient que très rarement le problème-type ou la reformulation pour construire l’équation associée au problème. Notons qu’il est possible que dans l’étape d’adaption, les élèves aient eu des difficultés à mettre en lien les différentes informations présentes sur l’interface. En effet pour disposer les différentes informations dans l’interface nous avons suivi des principes ergonomiques fondés sur l’observation de sujet adultes. Cette disposition est peut-être moins pertinente pour de jeunes enfants.

Ainsi, dans cette expérience, le principe de Ambre ne permet pas l’apprentissage de méthode. Ambre-add semble trop compliqué pour des élèves de CE1. L’équipe du projet Ambre travaille actuellement sur la conception d’activités plus simples, accessibles pour des élèves de CP et CE1. Ces activités font travailler séparément les compétences demandées pour utiliser Ambre-add. Elles peuvent être préparatoires à l’utilisation de Ambre-add ou proposées en remédiation.

Par ailleurs, nous avons apporté des modifications à Ambre-add ; nous avons retravaillé les messages d’aide et de diagnostic afin qu’ils soient plus compréhensibles et qu’ils permettent aux élèves de mieux comprendre et de mieux situer leurs erreurs. Nous avons également cherché à identifier des apprenants pour qui Ambre-add serait plus adapté ; c’est pourquoi nous avons procédé à une nouvelle expérience avec des enfants d’un niveau plus élevé.