1.1. C.M.D.D. : un paradoxe affiché.

Le cours magistral est le cours que dispense le maître à qui la société reconnaît un magistère, un pouvoir au moins sur le plan intellectuel. La relation qu’annonce le terme est clairement dissymétrique : l’exercice de la parole a un sujet, le maître, et un objet, le disciple. Le mouvement est en sens unique, ce que confirme l’usage traditionnel en milieu universitaire de l’expression « Cours Magistral » qui s’inscrit dans une perspective clairement transmissive du savoir. L’adjectivation ne mettrait pas en péril la notion si l’on donnait à dialogue son sens classique de discussion, d’entretien philosophique à la manière des dialogues de Platon –le maître pourrait tout à loisir faire un cours dialectique – mais dialogué renvoie ici au sens commun de dialogue : entretien entre deux ou plusieurs personnes. La contradiction entre les deux notions est en quelque sorte réduite ou surmontée par l’emploi du participe passé qui rend au maître la primauté de l’action, charge à l’apprenant de « discuter » le cours ou de donner la réplique. Enfin le dernier terme du triptyque, document, situe l’action, la relie à l’objet qui se présente ainsi comme le champ où se situe le savoir à acquérir et à transmettre. Ce schéma est bien incapable de rendre compte de toutes les interactions qui se jouent à l’intérieur de la classe d’espagnol et entre la classe d’espagnol et l’ensemble du système scolaire mais elle permet d’interroger d’abord le noyau dur pour ensuite, par cercles concentriques, en étudier les présupposés théoriques et les conséquences sur chacun des acteurs concernés.

Nous retiendrons le terme car il permet d’interroger les fonctions dans la relation didactique : fonction du maître, fonction de l’apprenant, fonction du support.

Quel que soit le nom qu’on lui donne, force est de constater « l’exceptionnelle longévité de ce modèle unique de l’enseignement de l’espagnol » selon les termes de Pascal Lenoir 5 qui propose un certain nombre d’hypothèses pour l’expliquer. Il nous semble que l’examen des contextes permettra de compléter.

Notes
5.

Lenoir, P. L’approche de la grammaire en enseignement / apprentissage scolaire de l’espagnol. État des lieux et évolutions possibles.