1.5.3. Le schéma de A. Godart un siècle après : Deuxième phase du cours, deuxième partie.

2) « Interprétation »du détail par la« conversation » sur le texte. Au cas où il n’y a pas eu explication préalable des mots inconnus, cette explication se fait au fur et à mesure en utilisant tous les procédés intuitifs, dont prioritairement le contexte.
Lecture d’ensemble par les élèves, lecture qui se doit d’être intelligente et expressive, et constituer ainsi en elle-même une « interprétation »orale du texte par les élèves.

Dans l’esprit du texte initial, la deuxième phase correspond à un degré supérieur de compréhension, donc à une recherche de l’implicite qui enrichira la première perception, la nuancera, voire la contredira et cela, dans une confrontation étroite avec le texte impulsée par le professeur. Si telle est l’activité, le terme de « conversation » qui la désigne surprend le lecteur contemporain pour qui ce mot renvoie à une activité intellectuellement plus légère. Il n’est pas exclu qu’il ait tout de même été employé pour dire aussi ce qu’il ne fallait pas que fût cette activité, à savoir une analyse des procédés rhétoriques mis en œuvre, notion qui eût renvoyé à ce avec quoi on voulait rompre, l’analyse exclusivement formelle des textes latins que la méthodologie traditionnelle d’enseignement des langues vivantes avait reprise à son compte. S’ils s’inscrivent dans la même logique du « parler de », les textes officiels contemporains semblent craindre avant tout que la « conversation » soit dépourvue de contenu. Ainsi peut-on lire dans les documents d ‘accompagnement de 5° et 4° 28  :

‘« On ne communique pas si l’on a rien à dire ».’

Plus récemment encore, le texte de la réforme de l’enseignement des langues en Seconde, utilise des termes moins ambigus encore :

‘« …l’analyse collective et guidée des documents reste un moment essentiel de l’apprentissage ». 29

Le terme d’ « analyse collective » a, a priori, un rapport de sens ténu avec celui de « conversation » mais ne rejetons pas l’idée que l’un et l’autre tendent à désigner la même réalité car, si le texte de 1903, en choisissant le terme de « conversation », se prémunissait contre la tendance de l’époque à tout transformer en savantes constructions intellectuelles formalistes, celui de 2002 semble se prémunir contre une dérive vers la vacuité des échanges verbaux en L.E. en milieu scolaire. Quand on examine la tâche qui est donnée à l’élève à la fin de la séance de Godart et qui consiste en une lecture interprétative du texte, on comprend que la conversation dont il s’agit est une activité organisée dont le but est la compréhension du texte.

Notes
28.

Ibid. p. 23.

29.

France, M.E.N. Préambule commun aux programmes de langues vivantes des classes de seconde générale et technologique, 2002, p. 5. Notons que la lettre de cadrage que la commission chargée d’élaborer ces programmes avait reçue en 1999 stipulait que « le commentaire intensif d’un texte écrit ne constituera plus l’activité fondamentale de l’apprentissage des langues en lycée, mais l’une des activités langagières possible. » Ce passage est extrait d’un communiqué de presse du ministère, lui-même issu d’un document adressé aux Recteurs concernant « les grandes orientations approuvées par le ministre ». 14 janvier 1999.