3.2.5.a. Recours à l’illustration pour faciliter la prise de parole sur le texte littéraire…et le dénaturer définitivement.

Nous prenons pour appuyer notre propos une page d’un manuel récent de 2° année d’espagnol, c'est-à-dire de 5° LV1 ou de 3° LV2. 109

Cantata de Santa María de Iquique. Illustration par Hatier Illustration avec la collaboration de Véronique Foz.
Cantata de Santa María de Iquique. Illustration par Hatier Illustration avec la collaboration de Véronique Foz.

Une observation rapide de cette illustration conduit vite à une première constatation : les personnages qui sont donnés comme des Amérindiens bousculent quelque peu les représentations que l’expérience a pu construire chez l’observateur avisé du monde andin.

Le dessin présente un jeune homme de type européen qui se serait fait une teinture bien noire, le nez volontaire, le regard supérieur, un cou sans fin qui termine une silhouette élancée, l’écharpe mise comme celle du fort en thème qui se prépare pour un exposé devant un parterre de jeunes filles. Impression à peine corrigée in extremis par le genou rapiécé.

De la main droite il tient un chapeau qui par sa couleur et sa forme hésite sur son origine mais semble opter davantage pour protéger l’homme du soleil que du froid. De la main gauche il indique avec une extrême clairvoyance le chemin à suivre – il n’y en a qu’un et ils en ont déjà parcouru une bonne partie – à une jeune femme au port inquiet et apeuré.

Vierge à l’enfant d’origine européenne qui n’aurait pas fini sa mutation en indienne. Le cheveu est bien noir mais les tresses s’interrompent avant de se former. La « manta » ressemble encore beaucoup à un foulard et n’imagine pas encore qu’elle peut servir à porter l’enfant, libérant ainsi des bras qui pourraient emporter à la ville quelques biens nécessaires à la vie. La « pollera » n’arrondit pas encore généreusement les hanches de cette fille de la Pacha Mama largement influencée par l’esthétique des catalogues de prêt-à-porter du vieux continent.

Les cactus d’altitude, qui survivent dans la neige, n’ont pas l’air de comprendre cette défection.

Notes
109.

Aigoin, M. & al. L. Díselo, espagnol deuxième année, p.105.