3.3.3. Le texte exposerait l’élève aux savoir-faire linguistiques à imiter.

Mais peut-on parler d’apprentissage ? Nous y reviendrons en 4 lorsque nous aurons analysé le rôle de l’élève. Pour l’heure remarquons que les textes officiels portent essentiellement sur les deux extrémités du processus : d’une part, l’exposition impressionnante (au sens propre du terme) qu’offre, des formes de la langue, à l’apprenant, le texte d’auteur et d’autre part, la mémorisation que l’apprenant réalise.

‘« L’espagnol modélisant des auteurs sait mettre en valeur des formes idiomatiques qui, mémorisées par les élèves, seront par la suite reconnues plus aisément et mieux réemployées dans les situations qui les rendent nécessaires. » 132

Le passage d’une extrémité à l’autre du processus, tient de l’ellipse, ou de la boîte noire. Tout au plus savons – nous que, sur l’impulsion du professeur (ou sans elle) l’apprenant a réutilisé les « formes idiomatiques » qui s’offraient à lui. Et c’est en les utilisant plus tard, à propos, dans d’autres contextes, qu’il prouvera qu’elles sont acquises.

‘« Le professeur fait en sorte que les formes grammaticales soient utilisées dans les situations vivantes qu’offrent les documents à commenter. Etant donné la variété de ces documents, l’élève est amené à réemployer de façon naturelle les mêmes formes dans des situations différentes. Il parvient à les assimiler grâce à ces réemplois et à leur mémorisation à la maison. On évalue réellement cette assimilation, non point à travers des exercices qui entraînent l’emploi mécanique d’une langue purement formelle et qui font au hasard une très grande place (QCM, phrases lacunaires, réponses par ‘vrai’ ou ‘faux’, etc.), non point en usant de thèmes grammaticaux ou d’application qui favorisent chez l’élève une tendance naturelle à penser en français et à traduire mentalement ce français en espagnol avant de s’exprimer, mais en pratiquant des exercices qui incitent à mettre les structures au service d’idées, de sentiments et d’opinions personnelles que l’on veut communiquer. » 133

Dans l’immédiat, ce que peut faire le professeur, c’est au lendemain du cours, s’assurer que « les apports » ont été mémorisés.

Dans l’exemple proposé dans les documents d’accompagnement aux Instructions de collège, le travail personnel qui suit le cours organisé sur la base du texte de Dolores Medio est explicitement :

‘« Mémoriser les apports notés dans le cahier ». 134

Et des exemples sont donnés qui sont très exactement des phrases du texte, ou des phrases recomposées avec des éléments du texte. La langue en dépôt dans le texte devient, à quelques nuances près, la langue que l’élève produira le jour suivant, devenant ainsi la sienne. L’effet de contact aura joué à plein. L’utilisation du texte d’auteur dans l’apprentissage de la langue semble donc reposer sur un certain nombre de postulats qu’il nous faut mettre à jour :

Notes
132.

France, M.E.N. Espagnol. Classes de seconde, première et terminale. p. 49-50.

133.

Ibid. p. 37-38.

134.

France, M.E.N. Accompagnement des programmes de 5° et 4°, p. 25