3.4. Le texte d’auteur littéraire dispensateur de culture.

3.4.1. Des textes littéraires pour acquérir quelle culture ?

Comme nous l’avons rappelé plus haut, le texte littéraire hors de l’institution scolaire a vocation à être lu pour le plaisir du lecteur moyennant un investissement de ce dernier. Nous avons montré que si le texte littéraire a été soumis longtemps en espagnol à une lecture savante, ce temps est révolu mais on ne saurait pour autant en conclure que le texte littéraire fait actuellement l’objet d’une lecture littéraire en classe d’espagnol. En revanche de nombreux passages des Instructions Officielles ou des documents d’accompagnement en font un tremplin vers la culture. Il serait un moyen d’atteindre à une connaissance culturelle des sociétés dont le castillan est la langue officielle. Nous rappelons ici un passage que nous avons déjà cité à plusieurs reprises mais partiellement car il mêle tous les savoirs auxquels ferait accéder le texte littéraire :

‘« …En raison de l’authenticité d’une langue d’auteur dont l’élève doit mémoriser les formes les plus idiomatiques et les réemployer dans les situations qui les rendent nécessaires, ces textes améliorent la compétence linguistique, ouvrent l’horizon culturel, développent les aptitudes à l’analyse, à la synthèse et à l’expression d’un jugement personnel. » 137 [Souligné par nous.]’

Cet apport culturel n’est pas, en espagnol, l’apanage des textes littéraires. Il suffit de feuilleter les manuels des quarante dernières années pour s’en convaincre et vérifier que la culture est ici entendue au sens large puisque les documents se réfèrent souvent à des réalités d’ordre civilisationnel voire anthropologique. Mais ce versant de la culture est le plus souvent traité à travers des documents visuels ou scripto-visuels, le texte littéraire permettant plutôt d’évoquer les domaines de l’histoire, de la géographie, de l’art, de l’économie, de la sociologie etc. On remarque cependant que si les Instructions préconisent le commentaire du texte littéraire pour faire accéder l’élève à la culture au sens large, que si dans le même temps elles recommandent un « apprentissage raisonné » de la langue, elles ne proposent pas d’interroger les interactions entre la langue et cette culture au sens large. L’apprentissage raisonné de la langue renvoie à l’appréhension distanciée du système linguistique plus qu’au regard que la langue porte sur le monde, qu’au découpage qu’elle fait du réel, révélant ainsi beaucoup de ceux qui la parlent. C’est peut-être que là encore, l’apprentissage de l’espagnol est fondé sur un processus cumulatif de savoirs culturels plus ou moins clairement délimités plus que sur l’acquisition progressive de représentations propres à chaque apprenant.

Notes
137.

France, M.E.N. Espagnol. Classes de seconde, première et terminale, p. 32.