3.5.3. Exemple d’un document audio-visuel.

Nous n’analyserons pas ici en détail la proposition qui est faite d’utilisation d’une séquence du film El espíritu de la colmena de V. Erice dans la mesure où elle nous conduirait à reprendre bon nombre des remarques que nous avons faites précédemment. En effet, bien que le document d’appui pour le cours soit radicalement différent de ceux que nous venons d’examiner, le rôle que lui font jouer les concepteurs de la séance de cours dans l’enseignement de l’espagnol et dans son apprentissage est identique :

‘« La conduite de la classe est la même qu’avec les autres documents… » 164

Comme précédemment, le critère déterminant est la capacité du document de déclencher la parole de l’élève :

‘« Pour être efficace, le professeur doit, avant d’arrêter son choix, veiller à ce que le document soit porteur de sens pour les élèves. Il doit être suffisamment motivant pour qu’ils aient envie de s’exprimer.’ ‘Cela implique :
qu’il soit relativement court (…)
que, comme les autres documents, il permette, par l’intérêt qu’il présente, de déclencher chez les élèves l’envie de dire ce qu’ils savent, pensent, ressentent… » 165 [souligné par nous.]’

On a ici un document que l’on veut tout à la fois déclencheur de parole, dispensateur de culture et maître de langue. Ce dernier point mérite d’être examiné car ce document est le premier qui propose une langue orale, or il est à noter que l’essentiel de l’activité orale présentée porte sur le commentaire de la scène et non sur l’utilisation et / ou l’exploitation de la langue parlée. Un passage du cours est toutefois consacré à cet aspect. Comme le document présente une situation scolaire où une maîtresse d’école s’adresse à ses élèves, il est proposé au professeur de couper le son pour faire deviner ce que dit la maîtresse dans une situation similaire à ce qu’il vit lui-même avec ses élèves. Il s’agit pour ceux-ci de retrouver des impératifs qu’ils entendent régulièrement de la bouche de leur professeur et précise le texte :

‘« …que les élèves sont habitués à entendre mais qu’ils ne réemploient pas souvent… » 166

L’euphémisme est savoureux car comment pourraient-ils être amenés à employer ces impératifs si l’essentiel de leur activité consiste à commenter et c’est bien ce qu’essentiellement on fait ici ? La seule incursion dans le domaine de l’énonciation sera la proposition de leçon qui consistera à faire apprendre par cœur les répliques où figurent les fameux impératifs pour doubler la séquence lors de la restitution. La langue orale s’est faite écrite, immuable, définitivement arrêtée pour devenir modèle à re-produire. Mais nous touchons là à la question du rôle de l’élève, de son activité, du statut de sa parole, question qui sera examinée au chapitre suivant.

Notes
164.

France, M.E.N. Accompagnement des programmes de 5° et 4°, p. 42.

165.

Ibid.

166.

Ibid. p.43.