Nous avons, pour mener cette analyse, retenu dans notre corpus que nous avons présenté en 2.1., trois types de documents : des scripts de cours, des textes institutionnels prescriptifs et les documents d’accompagnement des Instructions Officielles que nous avons déjà convoqués à maintes reprises.
Les cours utilisés ici sont au nombre de quatre et font partie du corpus présenté : trois ont été enregistrés en 2000 dans les classes de Terminale LV2 (deux séances de cours) et de Première LV3 (une séance de cours) du même professeur, un autre cours a été enregistré en 2003, en classe de quatrième LV2 d’un second professeur. Nous présentons ici succinctement les quatre transcriptions de cours avec leurs documents d’appui respectifs.
Le texte présente une situation relativement familière aux élèves. Il s’agit ici d’une institutrice débutante, quelque peu angoissée et démunie face à une classe surchargée: les apports linguistiques à mettre en oeuvre découle de cette simple présentation. La lecture expressive par le professeur : intonation (notamment sur la répétition de Timoteo : joie, crainte expectative, etc.), gestes, mimes (le professeur élucide da una palmada en frappant dans ses mains) détermine pour une large part la réaction des élèves. |
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Le premier cours de la maîtresse. Elle est entourée par cinquante six élèves, cinquante six élèves attendent qu’elle dise quelque chose et elle, la gorge sèche, l’imagination vide, ne trouve pas un mot. Elle dit seulement : « asseyez-vous ». Et elle commence à passer entre les tables. Cela lui calme les nerfs et lui permet d’observer sans être observée par les regards des élèves. Tout à coup, pan ! une pierre casse la vitre de la fenêtre et tombe sur la table. Les enfants crient : C’est Timothée ! C’est Timothée ! Timothée, Timothée ! Timothée, il a dit qu’il allait lancer des pierres contre l’école. Tous crient, s’approchent des fenêtres, ouvrent une porte. Une rafale d’air pur entre par la porte ouverte. Irène respire profondément. La pierre a rompu aussi son indécision. Elle frappe dans ses mains. Les enfants se taisent. Maintenant ni elle ni eux n’ont envie de travailler. Puisqu’il y a du soleil aujourd’hui, si on allait travailler et jouer au bord de la rivière ? Qu’est-ce que vous en dites ? Dolores Medio, Diario de una maestra. |
La primera clase de la maestra. Cincuenta y seis muchachos la rodean, cincuenta y seis muchachos aguardan sus palabras y ella, seca la garganta, seca la imaginación, no encuentra palabra. Sólo dice “Sentaos”. Y empieza a pasar por entre las mesas. Esto le calma los nervios y le permite observar sin ser observada por las miradas de los alumnos. De pronto, ¡zas!, una piedra rompe el cristal de la ventana y cae sobre la mesa. Los chicos gritan : - ¡ Es Timoteo ! - ¡ Es Timoteo ! - ¡ Timoteo ! ¡ Timoteo ! Timoteo ha dicho que iba a apedrear la escuela. Todos gritan, se acercan a las ventanas, abren una puerta. Una ráfaga de aire puro entra por la puerta abierta. Irene respira hondo. La piedra rompe también su indecisión. Da una palmada. Los chicos callan. Ahora parece que ni ella ni ellos tienen ganas de trabajar. - ¿Qué os parece si hoy, que hace sol, nos vamos a trabajar y jugar a la orilla del río? Dolores Medio, Diario de una maestra |
P. : qu’avez-vous compris ? |
On invite dans un premier temps les élèves à dire ce qu’ils ont compris. Ce travail selon le niveau de la classe porte sur la totalité du texte ou peut être scindé en deux parties (...) |
E. : Il y a beaucoup d’élèves dans la classe… En. : C’est le premier cours de la maîtresse… En. : La maîtresse a peur… En. :La maîtresse ne dit rien, ne parle pas… En. : Elle dit seulement : asseyez-vous. En. : Il y a beaucoup d’élèves dans cette classe. P. : Il y a beaucoup d’élèves dans cette classe alors que …↑↑ En. : Il y a beaucoup d’élèves dans cette classe alors que dans la nôtre nous sommes…. En. : Il y a beaucoup d’élèves dans cette classe alors que dans la nôtre on n’est que… P. : Si l’auteur répète 56 c’est pour…↑↑ En. : Si l’auteur répète 56, c’est pour montrer qu’il y a beaucoup d’élèves dans cette classe… P. : La maîtresse ne dit rien parce que…↑↑ En : La maîtresse ne dit rien parce que c’est son premier cours. P. : La maîtresse ne dit rien car…↑↑ En. : La maîtresse ne dit rien car c’est son premier cours. P. : On dit : FAIRE UN COURS. Elle fait un cours. En. : La maîtresse ne dit rien car elle fait son premier cours. En. : La maîtresse ne dit rien car elle commence à faire cours. En. : La maîtresse ne dit rien non plus parce qu’il y a beaucoup d’élèves pour une jeune institutrice. etc En. : Elle dit seulement : « Asseyez-vous », cela tous les professeurs ont l’habitude de le dire au début du cours. P. : Si l’auteur insiste en disant : « La gorge sèche, l’imagination vide » c’est que…↑↑ En : S’il insiste en disant « la gorge sèche, l’imagination vide », c’est que… (elle a très peur) En. : S’il insiste en disant « la gorge sèche, l’imagination vide », c’est pour…(montrer qu’elle a très peur). En. : S’il insiste en disant « la gorge sèche, l’imagination vide », c’est pour…(montrer qu’elle a très peur) parce qu’elle fait cours pour la première fois. En. : La maîtresse ne peut pas parler au début parce qu’elle fait cours pour la première fois. P. : Faites attention. Le texte ne dit pas « Il y a cinquante six élèves » / « Il y a beaucoup d’élèves » mais « Cinquante six élèves L’ENtourent… » En. : « Cinquante six élèves l’entourent » montre que la maîtresse est…au centre… En. : « Cinquante six élèves l’entourent » montre que la maîtresse est au milieu de… P. : Prisonnière. En. : « Cinquante six élèves l’entourent » montre que la maîtresse est presque prisonnière de ses élèves. En. : « Cinquante six élèves l’entourent » montre que ses élèves la retiennent prisonnière, qu’elle ne peut pas… P. : Fuir, s’échapper. En. : « Cinquante six élèves l’entourent » montre qu’elle ne peut pas fuir. En. : « Cinquante six élèves l’entourent » montre qu’elle ne peut pas s’échapper. En. : « Cinquante six élèves l’entourent » montre qu’elle se sent … P. : acculée, encerclée. En . : « Cinquante six élèves l’entourent » montre qu’elle se sent acculée. En. :« Cinquante six élèves l’entourent » montre qu’elle se sent encerclée. P. : Elle se sent tellement acculée par ses élèves que… En. :Elle se sent tellement acculée par ses élèves qu’elle a l’imagination vide. En. :Elle se sent tellement acculée par ses élèves qu’elle a la gorge sèche. P. : Ils l’impressionnent tellement, ils l’inhibent tellement que. En. :Ils l’inhibent tellement qu’elle a la gorge sèche, qu’elle ne parle pas. En. :Ils l’inhibent tellement qu’elle a la gorge sèche, qu’elle ne peut pas parler. P. : Le texte ne dit pas qu’elle ne peut pas parler, le texte dit qu’elle ne trouve pas de mots, ce n’est pas la même chose. En. :Elle ne sait pas quoi dire. En. : Elle ne trouve pas de mots parce que les élèves lui font peur… En. :Elle dit seulement : « asseyez-vous ». En. :Le seul mot qu’elle trouve c’est : « asseyez-vous », tous les maîtres le disent. En. : Tous les maîtres ont l’habitude de le dire au début du cours. P. : La maîtresse ne dit rien, elle ne peut pas parler, c’est vrai mais le texte dit : « Elle ne trouve pas de mot » : en général, ce sont les maîtres qui parlent les premiers, ils ont l’habitude de parler au début du cours pour indiquer aux élèves ce qu’ils doivent faire, ce qu’il doivent étudier, elle, en revanche…↑↑ En. :Elle, en revanche, les élèves l’impressionnent tellement qu’elle a la gorge sèche. En. :Elle, en revanche, les élèves lui font si peur qu’elle a la gorge sèche, l’imagination vide. En. :On le voit quand elle dit seulement : asseyez-vous. En. :Elle dit seulement : asseyez-vous parce que les élèves lui font peur. En. : elle dit seulement : asseyez-vous parce qu’elle a peur de voir cinquante six élèves devant elle.. P. : Alors qu’est-ce qui arrive ? Comment les élèves réagissent-ils ? A la fin, qu’est-ce que décide la maîtresse ? |
Les premières réactions sont en général, des constats : Hay muchos alumnos… Es la primera clase de la maestra… Tiene miedo la maestra… La maestra no dice nada, no habla… Sólo dice : sentaos. Cette première compréhension est rendue possible par un travail précédent portant sur des situations de classe : elle passe par des mots (importance du lexique) –alumno/a, maestro/a, sentaos, primera clase, déjà employés, connus, oubliés par certains, retenus par d’autres, que l’on va réemployer dans un contexte différent de celui où ils ont été découverts. Bien entendu, le professeur veille à ce que ces interventions soient structurées (sujet+verbe+complément). C’est à partir de ces différentes interventions que le travail sur la langue s’effectue. Il est en effet essentiel de tirer parti de ces interventions : c’est à partir de ces éléments de compréhension, certes imparfaits et fragmentaires mais presque tous pertinents du point de vue de la compréhension qu’il convient de développer un certain nombre de savoir-faire. NB : Il est clair que tout ce qui suit ne sera pas employé intégralement ni à l’identique. Certaines expressions ne seront employées que par le professeur. Hay muchos alumnos en esta clase… Hay muchos alumnos mientras que Hay muchos alumnos en esta clase mientras que en la nuestra…somos…sólo somos (travail sur ser+ chiffre, reprise de sólo…) Si el autor repite 56 … es para Si el autor repite 56 es para manifestar que son muchos los alumnos de esta clase… La maestra no dice nada porque La maestra no dice nada porque es su primera clase. La maestra no dice nada pues La maestra no dice nada pues es su primera clase… da su primera clase …empieza a dar clase. La maestra no dice nada porque da su primera clase. La maestra no dice nada porque empieza a dar clase. La maestra no dice nada porque son muchos alumnos para una joven maestra. (emploi de ser suivi d’un quantitatif, place de la négation, apport par le professeur de dar clase). Sólo dice « sentaos » : esto (como) lo suelen decir todos los maestros al principio de la clase…(réemploi de de sólo, de esto, emploi ou réemploi de soler, etc.). Si insiste diciendo seca la imaginación, seca la garganta es que …(réemploi immédiat de la formulation si… es que, si… es para) NB :Ce travail ne peut être fructueux, c'est-à-dire laisser des traces, que si le professeur entraîne à la reprise de la phrase en entier, même et surtout lorsque les interventions sont fragmentaires : si le professeur demande : ¿Por qué no habla la maestra al principio ? et que la réponse est : « porque es la primera clase », il importe de tout faire reprendre : la maestra no habla / no puede hablar al principio porque da su primera clase. Pongan atención : el texto no dice « hay cincuenta y seis » / Hay muchos alumnos / sino…Cincuenta y seis alumnos la rodean… ». NB : - Le pronom personnel la peut poser difficulté : certains élèves peuvent ne pas comprendre le référent (renvoi au titre)… : il faut donc bien s’assurer que le référent est bien identifié. - Il est probable que les élèves ne comprennent pas rodear ; un geste peut en éclairer le sens, ou même une traduction. escapar, huir. se siente… acosada (acculée que l’on explique en français si nécessaire) cercada por… (= ser, estar, pronom personnel objet, et réfléchi) Se siente tan acosada por los alumnos que…, impresionan, la cohiben tanto que tiene… Reprise de seca la imaginación, seca la garganta (= tan…que, tanto…que). La formulation « no habla / no puede hablar / no dice nada » peut et doit être confrontée au texte : soit le professeur prend en charge ce travail et dit : « el texto dice no encuentra palabra : no es lo mismo », soit il demande aux élèves de chercher dans le texte l’expression ; il vérifie la compréhension de « encontrar ». 47 No sabe qué decir… 48 No encuentra palabra porque le dan miedo los alumnos… 49 Sólo dice 50 La única palabra que encuentra es sentaos : todos los maestros lo dicen 51 Suelen decirlo al principio de la clase… 52 La maestra no dice nada / no puede hablar, es verdad pero el texto dice no encuentra palabra : en general, los maestros son los que hablan primero, suelen hablar al principio de la clase para… son los que indican a los alumnos lo que deben hacer, lo que van a estudiar , etc. a ella en cambio. 53 A ella en cambio, le impresionan tanto que 54 A ella en cambio, le dan tanto miedo los alumnos que 55 Lo vemos cuando : reprise du texte « seca la imaginación, seca la garganta… » Le travail sur la seconde partie peut être beaucoup plus bref ; le professeur peut demander simplement aux élèves de dire comment la scène évolue et se termine, par exemple : ¿Qué ocurre. ¿Cómo reaccionan los alumnos ? ¿Qué decide al final la maestra ? |
Burgos, E. Me llamo Rigoberta Menchú y así me nació la conciencia. Trillas/Mexico : Paperback, 1998.
Boutboul-Zeitoun & al. Caminos del idioma Terminal, p.157.
Cela, C.-J., Viaje a la Alcarria. Madrid: Espasa-calpe, colección austral, duodécima edición, 1979. 160 p.
Badet, J. & al. Anda 1re année, p. 43.
On trouvera en annexe dix-sept rapports d’inspections rédigés par un inspecteur général, trois inspecteurs pédagogiques régionaux et quatre chargés d’inspection.
France. M.E.N. « Enseigner l’espagnol en ZEP ».
Op. cit.