5.3. Contexte certainement. Décontextualisation ?

On a décidé de proposer un contexte pour faire découvrir puis acquérir des savoirs et des procédures, le contexte est à la fois la situation que propose le document d’appui et les apports que fournit le professeur voire les apports fournis par les autres élèves. Nous ne nions en aucune façon la nécessité de proposer à l’élève des situations dans lesquelles il puisse s’impliquer. Sans un contexte précis, sans des exemples préhensibles, il n’y a pas d’ancrage pour l’apprentissage. Nous souscrivons pleinement à l’affirmation de P. Meirieu et M. Develay selon laquelle :

‘« …il n’est aucune acquisition d’aucune sorte qui ne s’inscrive d’abord dans un contexte chargé à la fois sur le plan cognitif et sur le plan affectif, un contexte qui soit, tout à la fois, objet de connaissance et objet d’investissement. » 223

Mais nous continuons avec eux :

‘« Que l’on ne peut s’en tenir à cette contextualisation sous peine de maintenir l’élève en état de dépendance par rapport à un contexte précis. » 224

Lorsque le travail de leçon consiste à répéter ce que dit le texte agrémenté de ce qu’on en a dit en classe, on fait mémoriser le contexte mais on ne traite pas l’apprentissage des savoirs et encore moins des procédures. Certains le feront parce qu’ils savent apprendre. Les autres pourront réussir l’exercice, voire réussir l’examen mais une véritable compréhension exige beaucoup plus du sujet apprenant. Les recherches des psychologues cognitivistes nous ont montré que sans l’étape de mise à distance, que l’on pourra appeler conceptualisation, et qui s’applique à tous les savoirs, qu’ils soient notionnels ou procéduraux, l’élève s’en tiendra aux « traits de surface » mais ne se construira aucunement des stratégies personnelles de nature à l’équiper pour des expériences inédites. Après la contextualisation vient donc la décontextualisation et le processus ne saurait s’arrêter là pour garantir l’apprentissage. Reste au sujet apprenant, à dégager des constantes, à isoler des lois, dans tous les domaines de l’acte langagier (du schéma intonatif au système verbal, du kinesthésique au lexical), à les essayer dans d’autres contextes , à pratiquer le « bridging », bref à recontextualiser. Il revient au professeur de créer les conditions de cette recontextualisation mais certainement pas de la piloter car il courrait le risque de maintenir l’élève dans une dépendance aliénante qui ne peut en aucun cas garantir le transfert.

A vouloir réunir dans un même mouvement de commentaire puis de mémorisation, la découverte en contexte et le réemploi dans le même contexte, l’enseignement - apprentissage de l’espagnol, dans le cadre du cours magistral dialogué, n’échappe pas à ce risque.

Notes
223.

Develay, M. & Meirieu P., Émile, reviens vite…, ils sont devenus fous, p. 162.

224.

Ibid.