6.3.1. Soulager l’élève de la recherche d’une donnée référentielle.

Lors d’un cours d’inspection, dans une classe de première, on a besoin de situer l’Uruguay. Les élèves disposent dans cet établissement d’un ouvrage de référence qui comporte une partie « civilisation » où les élèves peuvent trouver les informations essentielles en matière d’histoire, de géographie, d’économie, de culture des pays où l’espagnol est langue officielle. Le professeur renvoie donc ses élèves à cet outil et leur accorde un instant pour trouver l’information dont on a besoin. En procédant de cette façon, il fait en sorte que ses élèves se dotent de moyens individuels de recourir à l’information, de se construire des stratégies de repérage à partir des savoirs acquis : celui qui pense que l’Uruguay se situe dans le cône sud ne procédera pas comme celui qui ne se souvient pas d’avoir jamais rencontré ce pays. Celui qui choisira d’entrer par le sommaire général très succinct mais dont les parties sont déclinées au début de chaque chapitre, devra au préalable interroger ses savoirs et faire des choix. Celui qui choisira de remonter à l’information à partir des cartes géographiques qui sont proposées procédera encore d’une autre manière. Mais cette stratégie du professeur et surtout ses visées ne sont pas du goût de l’inspecteur qui condamne l’atomisation de la classe que la consigne provoque :

‘« Une carte aurait suffi. Le professeur aurait pu la proposer sur transparent puisqu’il use du rétroprojecteur. Superbe outil. » 242

Ainsi donc, laisser chaque individu cheminer de sa propre initiative vers l’information en fonction de ce qu’il sait et de ce qu’il sait faire serait condamnable. Et la condamnation ne s’arrête pas là. Ce que l’on reproche essentiellement au professeur, c’est de refuser de se substituer à l’élève dans cette phase, de ne pas assumer lui-même la production de l’information. Les phrases qui suivent, à l’ironie assassine, sont sans ambiguïté :

‘« Mais le professeur ne souhaite pas prendre la place de l’élève qui fera lui-même ses propres découvertes. Assurément. » 243

Et s’il subsistait un doute, il suffirait de lire dans la conclusion du rapport l’écho de ce passage :

‘« (le professeur) veut bien faire certes, mais l’élève reste seul et c’est lui qui finit par réussir. » 244 [Souligné par l’auteur]’

Ainsi donc, en ménageant des situations d’apprentissage où l’élève doit construire lui-même le savoir, le professeur faillirait à sa mission. On déplore cette activité parce qu’on laisse entendre qu’un apprentissage orchestré par le professeur, qui suggère sans « perte de temps », où l’élève produit oralement la connaissance visée, est plus efficace.

Notes
242.

Rapport d’inspection n° 2.

243.

Ibid.

244.

Ibid.