7.2. Exactitude formelle.

Les inspecteurs se montrent très attentifs à cet aspect de la production linguistique en classe souvent pour déplorer un certain laxisme en la matière. Dans le rapport 11, l’inspecteur demande au professeur

‘« de veiller à la correction et à l’authenticité de la langue espagnole pratiquée.»’

On notera que la conjonction « et » réunit deux notions (correction et authenticité) qui ne semblent pas a priori relever du même domaine. Si la correction dit la conformité à une norme linguistique établie, l’authenticité se réfère à une pratique de la langue en milieu naturel. La norme linguistique est donc donnée comme un savoir de référence commun à tous qui indiscrimine les situations de production et de réception, qui assimile la langue écrite et la langue orale. De même l’authenticité serait la capacité à « parler vrai l’espagnol » dans une situation scolaire et considérant que ce parler vrai est lui-même un système cohérent de référence qui peut être appréhendé en dehors des situations d’interaction réelle. Ce rapprochement des notions de « correction » et d’« authenticité » pour dire une norme qui n’est nulle part définie fait apparaître clairement son caractère intrinsèquement scolaire, c’est-à-dire qu’elle ne peut exister que dans et pour la classe. Les citations qui suivent vont nous permettre de cerner cette norme. Le passage cité plus haut :

‘« Le professeur doit intervenir chaque fois que l’expression est non seulement fautive, mais pauvre, maladroite … »’

se poursuit ainsi :

‘«… en fournissant le mot juste, la formulation précise pour exprimer ce qui n’était qu’à l’état d’intuition chez l’élève, ou qui ne fait pas partie de son vocabulaire. » 272

L’expression que l’on cherche doit être formellement optimale du point de vue du professeur dont le comportement verbal souhaité tendrait à accréditer l’idée qu’il n’y a, pour exprimer ce que l’élève veut dire, dans la circonstance où il se trouve, qu’une formulation possible, que tout accommodement avec les limites linguistiques du locuteur apprenant serait une faute. Un passage du rapport 7 atteste cette interprétation :

‘« Les élèves de M…… ne se contentent pas “d’à peu près” et la langue qu’ils parlent est corrigée et enrichie opportunément et intelligemment ».’

Notes
272.

Op. cit. p. 21.