8.4.2. Le cours canonique peut-il survivre aux nouveaux programmes ?

Nous avons montré l’incapacité fondamentale du cours canonique d’espagnol, fondé sur l’analyse collective d’un document, à déconstruire la langue et à offrir des phases clairement délimitées d’apprentissage des savoir-faire langagiers. Le rédacteur de la lettre de cadrage adressée à la commission des programmes l’avait bien compris, qui donnait à cet exercice un rôle tout à fait marginal :

‘« Le commentaire intensif d’un texte écrit ne constituera plus l’activité fondamentale de l’apprentissage des langues au lycée, mais une des activités langagières possibles. » 322

Il précisait même :

‘« Les activités générales et habituelles du cours de langue, à savoir “comprendre des productions écrites et orales”, “s’exprimer par écrit et par oral”, seront déclinées en tâches diversifiées dont la liste sera établie classe par classe, filière par filière. (…) Les tâches à accomplir devront induire des pratiques pédagogiques nouvelles et l’utilisation de nouveaux supports et outils pédagogiques. »’

Force est de constater que la version définitive des programmes s’éloigne sensiblement de la perspective tracée car, après avoir annoncé les objectifs que nous avons cités et dont le traitement exige en effet de penser l’enseignement – apprentissage en termes de tâches (bien qu’elles ne soient jamais clairement définies), il est écrit :

‘« L’analyse collective et guidée de documents reste un moment essentiel de l’apprentissage… » 323

On peine à comprendre en quoi les objectifs d’apprentissage affichés exigent cette modalité mais on perçoit clairement que le cours canonique d’espagnol trouve là une validation qui assure sa survie, fût-elle au prix de quelques concessions marginales et contradictoires.

Notes
322.

Communiqué de presse du Ministère de l’Education Nationale, janvier 1999.

323.

Op. cit. p. 5.