Chapitre 3. La formation des enseignants d’espagnol et des autres

1. Former les professeurs d’espagnol.

Le contexte socio-économique et politique européen qui stimule fortement l’aspiration du corps social à la maîtrise de plusieurs langues offre à l’École une extraordinaire occasion de relever le défi de l’efficacité pragmatique et d’intégrer, tout en même temps, la formation aux langues vivantes dans ses missions éducatives. Il faut pour cela qu’elle sache en respecter et en exploiter les spécificités. Si elle venait à manquer cette occasion, si aucun changement significatif ne se produisait, la demande d’apprentissage des langues n’en disparaîtrait pas pour autant mais rien ne justifierait plus que l’École s’en mêlât car, ce que peut faire l’École en ce domaine, aucune officine d’enseignement des langues ne le prendra en charge et, au-delà des questions individuelles de formation, c’est la perspective démocratique européenne qui se trouble. La prise de conscience, par les classes moyennes, que la maîtrise des langues étrangères fait désormais partie des compétences professionnelles qui seront exigées de leurs enfants est un facteur facilitateur qu’on ne saurait nier. Il revient à l’École, en satisfaisant ces aspirations, de mettre ces apprentissages au service de tous. Or la formation des maîtres, notamment en espagnol, doit se transformer profondément pour cela.

La phase de mutation en cours est l’occasion pour l’enseignement - apprentissage de l’espagnol dans l’institution scolaire de rompre son isolement. Le défi à relever est de le faire entrer en synergie avec d’autres enseignements (qu’on ne saurait limiter au seul domaine linguistique) tout en lui donnant les moyens d’apporter à l’apprenant cette part d’humanité spécifique dont la langue-culture espagnole est l’expression. Pour cela, il est impératif que l’enseignement - apprentissage de l’espagnol sorte de cette apesanteur méthodologique où il s’est réfugié depuis l’avènement des méthodes audio-orales puis de l’approche communicative.