2.4. Quels savoirs de référence ?

C’est peu de dire que les lauréats des concours nationaux de recrutement de professeurs de langues n’y sont guère préparés. Même si depuis quelques années les concours de recrutement des professeurs vérifient des compétences dans le domaine de la linguistique et de la civilisation, les contenus disciplinaires des Capes de langues vivantes font appartenir les études universitaires correspondantes aux études littéraires : les méthodes d’analyse, le langage de la dissertation, du commentaire, de l’explication de textes ou de documents autres et les traductions sont issues des études littéraires. Leur degré d’exigence en ces matières et leur situation dans le cursus universitaire font que les années d’études qui les précèdent sont comme configurées par l’échéance du concours. Il s’en suit que les étudiants qui se destinent à être professeurs de langues étrangères, c’est-à-dire professionnels de l’apprentissage des langues étrangères, ne découvrent les questions essentielles de l’acquisition de langue et toutes celles qui lui sont afférentes, qu’une fois chargés d’enseignements dans le cadre de la deuxième année d’I.U.F.M. C’est alors une véritable gageure que d’amorcer une formation professionnelle qui doit, tout à la fois, aider le nouveau professeur à accomplir le geste professionnel, le doter des référents nécessaires pour analyser ce geste et le maîtriser mais aussi, alors que la partie est déjà engagée, lui faire découvrir l’atout essentiel de l’épistémologie de sa discipline et le mettre en demeure d’en tirer immédiatement des leçons pour l’action. Ce serait hypothéquer l’avenir que d’y renoncer mais l’entreprise est périlleuse et quasiment vouée à l’échec, au moins provisoirement.

Pratiquer une didactique des langues efficace exige de pouvoir convoquer dans le large éventail des sciences humaines les savoirs qui l’éclairent. Ces savoirs, souvent évolutifs, n’en sont pas moins essentiels pour fonder une didactique toujours en mouvement elle aussi.