4. Se construire des compétences de professeur de langue étrangère.

Ce qui précède n’enlève rien à la spécificité de l’École, bien au contraire. Les liens qui se tissent avec le monde ne font pas de l’espace scolaire un prolongement de la vie du monde. C’est un espace ménagé qui a des liens forts avec le monde mais qui en est isolé, voire protégé, ou du moins, qui devrait l’être. C’est l’espace du retour réflexif, de l’élaboration, de la construction lucide. L’enseignement – apprentissage de langue, plus qu’aucun autre, a fortiori dans le modèle que nous avons esquissé, a besoin d’un lien fort avec le monde mais son efficacité est, paradoxalement, conditionnée par sa capacité à s’en déprendre. La professionnalité de l’enseignant se mesurera alors à son aptitude à donner au travail scolaire de l’apprenant tout son sens parce qu’en prise avec le monde mais dégagé d’une part de ses contingences. Si c’est une banalité que de dire qu’il ne suffit pas de maîtriser les savoirs pour les enseigner (et nous avons vu que bien des savoirs nécessaires ne sont pas rendus disponibles par les études universitaires qui préparent aux concours de recrutement), il convient de se demander de quelles compétences a besoin le professeur de langue et singulièrement, le professeur d’espagnol, et comment il peut les acquérir.