IV.6. Synthèse des résultats

Le travail présenté dans ce chapitre rassemble des résultats concernant le choix des films que les élèves ont voulu regarder et les informations qu’ils ont pu en retenir. Les données de deux expérimentations ont été utilisées, l’une concerne le travail de plusieurs binômes avec des hyperfilms et l’autre a été effectuée en deux phases à 8 jours d’intervalles, avec seulement 7 films non structurés en hyperfilm.

Les élèves qui disposent d’une banque de films et à qui une tâche est prescrite vont volontiers chercher des informations dans le support multimédia. Ils y vont évidemment quand on le leur demande, mais aussi quand leurs connaissances sont insuffisantes dans le cadre du travail demandé. Cette possibilité de choix a été rendue possible par la structure même de l’hyperfilm pour lequel la sélection d’un film par les utilisateurs s’opère par une liste de concepts qui fournit des informations sur les films à voir. Ces choix dépendent surtout de traits de surface, c’est-à-dire de mots communs au lien activé et à la question posée. Cette dernière peut éventuellement être reformulée ce qui traduit une forme de dévolution au problème posé. Il arrive aussi que la discussion des élèves les conduise à se poser une nouvelle question pour laquelle ils vont rechercher un film. Bien que rare, cette phase de questionnement est précieuse pour l’apprentissage et a été observée ici à l’occasion de l’utilisation de film, ce qui n’est pas une observation fréquente en didactique.

Une fois un film vu, la question de sa mémorisation et de l’utilisation des connaissances qu’il met en jeu est essentielle dans un cadre pédagogique. L’étude du souvenir que laisse un film à 7 jours a montré que quelques facteurs ne semblaient pas avoir d’influence notable : la nature dynamique ou statique des images avec lesquelles il est construit, l’ordre dans lequel les films ont été vus, le fait que les films aient été vus une ou deux fois, ou que le texte qui accompagne les images soit plutôt reconstruit ou plutôt perceptible. La durée d’une semaine que nous avons retenue pour la collecte de nos données est importante pour l’enseignement puisque c’est une périodicité à laquelle des informations doivent pouvoir être réutilisées en classe.

La possibilité de réutilisation, dans l’activité en cours, des connaissances mises en jeu dans le film a fourni de précieux résultats. On est maintenant dans l’échelle de temps de la situation de classe pour laquelle on peut imaginer qu’un professeur qui a utilisé un hypermédia en démonstration de cours souhaite voir ses élèves réinvestir immédiatement certaines des informations. Les informations doublement codées, c’est-à-dire vues et entendues, sont mieux mémorisées que celles uniquement entendues. Elles sont en outre retraduites par les élèves en termes perceptibles et avec des mots qui ne sont pas nécessairement ceux utilisés dans le texte du film. Nous avons interprété cela comme une preuve d’une restitution de connaissances effectivement construites par les élèves. Nous avons également montré que l’abondance d’événements, perceptibles ou reconstruits, dans un film donnait lieu à des difficultés d’utilisation des informations correspondantes, probablement par surcharge cognitive due à une saturation de la mémoire de travail.

Le chapitre suivant approfondit l’étude de l’utilisation de l’hyperfilm en s’intéressant à la nature perceptible ou reconstruite du texte d’un film sur son utilisation par un élève.