V.5.1. Résultats qualitatifs

Comme il l’a été dit au chapitre III de cette thèse, les élèves sont passés du lieu de la tâche à celui de l’hyperfilm lors du travail proposé. La liste des 25 films parmi les 34 regardés au moins une fois est donnée dans le tableau 5.5.

Les élèves ont utilisé des informations présentes dans 13 films parmi ces 25 pour construire leurs réponses écrites : 10 films P ou R et 3 films à texte unique (voir les tableaux 5.6 et 5.7).

Peu de films (2 sur 10 films) ont été utilisés par tous 12 élèves dans leur version P et leur version R pour répondre à la même question, à cause de la liberté de choix laissée aux élèves. Nous avons cependant pris en compte ces films pour comparer qualitativement leur utilisation P et R. Cela a permis de dégager quelques idées spécifiques pour lesquelles notre généralisation relève d’hypothèses de travail plus que de résultats. En revanche, les informations récoltées sur l’ensemble des productions des 12 élèves ont été regroupées et ont quelques valeurs générales puisque 10 des 26 films pour lesquelles deux versions existent ont été utilisés.

Pour comparer qualitativement l’utilisation des versions P et R des films par les élèves, les deux films présentés dans le tableau 5.8 sont pris en compte parce qu’ils ont été utilisés par les élèves dans le cas d’une même question.

La liste des films utilisés dans le cas de différentes questions de la tâche est donnée en annexes (voir l’annexe IV.8).

Le film Effet de l’addition d’un acide sur le pH regardé dans sa version P ou R suivant les binômes, montre l’adition d’acide chlorhydrique à une solution d’hydrogénocarbonate de sodium en présence de bleu de bromothymol dans un ballon. Il se produit un changement de couleur progressif et un dégagement de dioxyde de carbone. Ce gaz est entraîné dans un bécher contenant une solution d’hydroxyde de sodium dont on suit l’évolution du pH. Il s’agit donc d’une expérience ancrée sur la chimie de laboratoire. Pour répondre à la question « combien de réactions chimiques permettent d’expliquer ce qui se passe dans le ballon de gauche ? », les élèves ont utilisé des informations verbales et visuelles de ce film qui ont été représentées Fig. 5.3 à 5.8.

La comparaison entre les Fig. 5.3 et 5.6 illustre la différence entre un film P et un film R, indépendamment de son utilisation. Dans ce dernier, la ligne T/cr des connaissances reconstruites est un peu plus dense que dans sa version P et, en contrepartie, la ligne T/cp des connaissances perceptibles l’est un peu moins.

On constate (Fig. 5.3 à 5.5) que les élèves utilisent de façon différente le texte et l’image dans le cas de la version P de ce film. En revanche, ils utilisent (Fig. 5.6 à 5.8) de façon semblable le texte et l’image dans le cas de sa version R. Cela peut être interprété comme une plus grande liberté prise par les élèves quand les connaissances relèvent d’informations perceptibles, alors que l’on peut penser que, dès que la théorie est mise en jeu, ils préfèrent s’en tenir à ce que le film explique.

Nous avons trouvé des résultats différents pour le film Acide corrosif pour lequel nous avons également recueilli de nombreuses informations (Fig. 5.9 à 5.14). On y voit le caractère corrosif de l’acide sulfurique illustré par l’attaque d’une feuille de papier. Le même type d’analyse montre que l’utilisation des images a quelques points communs pour les films P d’une part et R d’autre part. En revanche, les informations du texte P ne sont pas utilisées ou presque, et celles du texte R le sont pratiquement de la même façon. Parmi les différents paramètres permettant d’expliquer cette différence, il y a le film lui-même et la question posée aux élèves à son sujet. Ce film ne montre qu’une seule réaction chimique (et non plusieurs comme pour le film Effet de l’addition d’un acide sur le pH) qui met en jeu un objet de la vie quotidienne (le papier). L’implication dans la tâche du film était également différente puisqu’il était posé ici la question « que veut dire "corrosif" pour vous ? », terme appartenant également au langage de la vie quotidienne.