3.2.4. Etude des processus émotionnels olfactifs

3.2.4.1. Les bases neuronales des processus émotionnels olfactifs

David Zald et Jose Pardo (1997; 2000) montrent l’activation des amygdales et du cortex orbitofrontal gauche lorsque les sujets sont stimulés avec des odorants très déplaisants, et indiquent que les activations de ces deux régions sont fortement corrélées dans l’hémisphère cérébral gauche (Zald et al., 1998). Par contre, en exposant les sujets à des odorants plus neutres, seul le cortex orbitofrontal gauche est activé.

L’activation du cortex orbitofrontal gauche quand les sujets sont exposés passivement à des odeurs émotionnelles est observée également par Royet et ses collaborateurs (dans sa partie jouxtant l’insula ventrale antérieure) lorsque les sujets accomplissent explicitement des jugements hédoniques olfactifs (Royet et al., 2001b, Annexe 2). L’implication du cortex orbitofrontal gauche dans la tâche de décision hédonique ne peut cependant être validée de façon formelle qu’en comparant au sein d’une même étude deux conditions expérimentales, l’une où il est demandé explicitement aux sujets de juger la valence hédonique 4 des odeurs et l’autre, condition témoin, où les sujets sentent passivement les mêmes odeurs sans qu’aucune consigne ne leur soit donnée. Ce résultat est montré récemment par notre équipe (Royet et al., 2003) (Figure 10).

Figure 10. Activation du cortex orbitofrontal gauche lors de la comparaison ‘tâche de jugement hédonique – perception passive des mêmes odeurs’, représentée sur une coupe sagittale (haut) et une coupe horizontale (bas), en y = 20, du cerveau du MNI (d'après Royet et al., 2003).

Dans une autre étude, Royet et ses collaborateurs examinent si les circuits neuronaux qui sous-tendent la réponse émotionnelle 5 aux odeurs sont les mêmes que ceux impliqués dans la réponse émotionnelle aux stimuli visuels et auditifs (Royet et al., 2000). Les auteurs montrent un DSCr accru dans le cortex orbitofrontal gauche quand les sujets sont stimulés avec les trois types de stimuli. Cette structure cérébrale participe par conséquent à la réponse émotionnelle, indépendamment de la modalité sensorielle du stimulus évoquant cette réponse. La même observation est notée pour le gyrus temporal supérieur et le pôle temporal gauches. Certaines activations plus spécifiques à chaque modalité sensorielle persistent toutefois. Ainsi, les stimuli émotionnels olfactifs et visuels, mais non les stimuli auditifs, activent l’hypothalamus et le gyrus sous-calleux, et seules les odeurs émotionnelles induisent une activation de l’amygdale gauche (Figure 11).

Figure 11. Activation de l’amygdale gauche lors de la perception d’odeurs émotionnelles, représentée sur une coupe coronale (haut) et une coupe horizontale (bas), en x = -22, du cerveau du MNI (d'après Royet et al., 2000).

Ces découvertes amènent plusieurs conclusions. En premier lieu, elles montrent que la réponse émotionnelle aux odeurs est sous-tendue par un large réseau neuronal. En second lieu, elles convergent toutes vers l’idée que le traitement de la réponse émotionnelle aux odeurs est latéralisé dans l’hémisphère cérébral gauche. En troisième lieu, elles soulignent la forte implication de l’amygdale dans les processus émotionnels olfactifs.

Il est probable que les différentes aires cérébrales du réseau ne participent pas de la même façon au traitement de l’information émotionnelle. L’implication spécifique du cortex orbitofrontal gauche dans la tâche de jugement hédonique en est un exemple. Que savons nous du rôle joué par les autres structures cérébrales ?

Notes
4.

Valence hédonique : caractère plaisant, déplaisant ou neutre du stimulus.

5.

Réponse émotionnelle : ensemble des réponses d’un individu à un stimulus émotionnel.