1.1. Introduction

La tâche de discrimination olfactive est tout d’abord utilisée dans les études multidimensionnelles de classification des odeurs pour évaluer la similitude entre les odeurs, en vue de caractériser l’espace olfactif de l’Homme (Engen, 1982). Elle sert ensuite de tâche de référence pour étudier les capacités olfactives de patients cérébrolésés, afin d’en inférer les bases neuronales des processus olfactifs non pathologiques. Deux études d’imagerie cérébrale viennent enrichir nos connaissances sur les bases neuronales de la discrimination olfactive. Savic et al. (2000) montrent que la tâche de discrimination olfactive se différencie de celle de perception olfactive de par l’activation des aires hippocampiques, insulaires et orbitales. Cependant, leurs résultats sont obtenus en comparant une première situation dans laquelle le sujet est stimulé avec de multiples odorants à une seconde où il est stimulé avec un seul odorant. Il est permis alors de supposer que le pattern d’activation observé ne reflète que les processus sous-jacents à la perception de plusieurs odorants, plutôt que ceux de discrimination olfactive à part entière. Suite à cette étude, Kareken et al. (2003) étudient la tâche de discrimination entre de multiples odorants en la comparant à une tâche de détection des mêmes odorants. Ils observent principalement la participation de l’hippocampe. Ce résultat est cependant obtenu en sommant les images d’activation de sujets jeunes et de sujets âgés.

Comme nous l’avons vu précédemment (Chapitre 1 - Section ), la tâche de discrimination olfactive implique la mémoire de travail olfactive (Larsson & Backman, 1998). L’étude de neuroimagerie de Dade et al. (2001) comparant les mémoires de travail olfactive et visuelle apporte alors des connaissances sur les bases neuronales de la discrimination olfactive. Les auteurs montrent la participation des aires frontales orbitales et dorsales dans les deux modalités. Leur étude repose toutefois sur l’utilisation d’une procédure dans laquelle un stimulus est intercalé entre les deux stimulus devant être comparés (‘two-back procedure’), alors que, dans la tâche de discrimination olfactive, les stimulus sont présentés de façon contiguë.

En s’inspirant de ces travaux précédents, notre étude a pour rôle d’identifier les bases neuronales de la discrimination olfactive : 1) chez un large groupe homogène de sujets jeunes ; 2) en comparant la condition de discrimination (Disc) olfactive de multiples odorants à une tâche de détection des mêmes odorants (DetM) ; et 3) en axant notre analyse sur les résultats obtenus dans les trois précédentes études.