2.2.3. Principaux résultats

Les sujets jugent les items familiers et non familiers en proportion égale. Ils répondent plus rapidement pour juger les items familiers que les items non familiers, et plus rapidement pour juger les extraits musicaux non familiers que pour juger les odeurs non familières.

En plus d’activations spécifiques à chacune des modalités (olfaction/musique), nous observons pour le sentiment de familiarité un large réseau neuronal bimodal latéralisé dans l’hémisphère cérébral gauche et comprenant les régions frontales inférieures et supérieures, le précunéus, le gyrus angulaire, le gyrus parahippocampique et l’hippocampe (Figure 23). Ce pattern d’activation implique des aires cérébrales précédemment identifiées dans des processus mnésique ou sémantique (Squire et al., 2004; Moss et al., 2005). La latéralisation fonctionnelle de ce réseau dans l’hémisphère cérébral gauche est en accord avec le modèle HERA de Tulving et al. (1984) stipulant l’implication préférentielle du cortex préfrontal gauche dans le rappel d’informations sémantiques. En comparant nos résultats à ceux précédemment obtenus dans des études portant sur le sentiment de familiarité évoqués par des visages, des voix, des images et des mots (Shah et al., 2001; Wheeler & Stuss, 2003; Kriegstein & Giraud, 2004; Yonelinas et al., 2005), nous faisons l’hypothèse de l’existence d’un réseau neuronal plurimodal du sentiment de familiarité. Le sentiment de non familiarité implique quant à lui un réseau neuronal bimodal beaucoup plus restreint et pourrait être partiellement expliqué par la mise en jeu de mécanismes de détection de stimuli nouveaux ou peu fréquents.

Figure 23. Localisation des activations cérébrales bimodales (olfaction & musique) observées pendant le sentiment de familiarité. Ces activations sont représentées sur des coupes sagittale (haut) et coronales (bas) du cerveau du MNI. L, gauche ; R, droite.