1.2. Les limitations de nos investigations et de nos interprétations

La première limitation majeure des études de neuroimagerie, au même titre que toutes les techniques existantes, est qu’elles ne permettent pas l’enregistrement de l’activité du bulbe olfactif chez l’Homme. Ceci est dû à la petite taille de cet appendice et à sa situation dans les zones de susceptibilité magnétique extrême. Le bulbe olfactif humain est par conséquent une véritable boîte noire dont la fonction reste insondable, alors qu’il est montré, chez l’animal, que le bulbe olfactif est le siège de mécanismes complexes d’intégration de l’information (Chapitre 1 - Section ).

La deuxième limitation est la faible représentativité de l’ensemble de la population humaine. Comme la majorité des travaux de neuroimagerie, trois de nos études (Etudes 1, 2, 3) reposent sur l’analyse des réponses cérébrales de sujets jeunes, d’un niveau culturel élevé (étudiants), droitiers, et pour deux d’entre elles, ne portent que sur des hommes. Cette population n’est pas représentative de l’ensemble de la population humaine, mais correspond à une norme standard établie dont le respect facilite la comparaison des résultats des études entre elles. Il est probable cependant que des processus différents soient mis en jeu selon les caractéristiques de la population étudiée. Par exemple, dans l’Etude 2, nous étudions simultanément les bases neuronales des processus de jugement de la familiarité des odeurs chez des hommes droitiers et gauchers, bien que les résultats des sujets gauchers ne soient pas décrits dans l’article. Les procédures sont en tous points similaires dans les deux cas. Les résultats des analyses des données fonctionnelles diffèrent cependant énormément entre les deux populations, bien que les résultats comportementaux soient comparables. Nous notons ainsi que le signal moyen de groupe est plus faible chez les sujets gauchers que chez les droitiers. Ce résultat peut conduire à l’hypothèse que les hommes gauchers ont des patterns de réponses neuronales bien plus hétérogènes que les hommes droitiers, engendrant une disparition quasi complète du signal dans les analyses de groupe. En conclusion, les études de neuroimagerie ne reflètent pour l’instant qu’une petite partie de la population. Il est probable cependant qu’avec le temps les équipes s’intéresseront à ces différences entre groupes d’individus (en fonction du genre, de l’âge, de la latéralité manuelle, …). Il est possible également que l’amélioration des performances techniques d’imagerie aussi bien en termes d’acquisition que d’analyse permette dans un avenir proche l’étude des processus cérébraux à l’échelle individuelle

Enfin, un problème récurrent dans le domaine de la neuroimagerie est la diversité des nomenclatures employées par les auteurs, ou plutôt l’absence d’une nomenclature unique de référence, concernant la localisation des aires cérébrales activées. Une même aire cérébrale peut posséder plusieurs noms et le même nom peut désigner plusieurs aires cérébrales. Cette diversité rend difficile la comparaison entre les études. Le système de grille proportionnelle élaboré selon le principe de l’Atlas de Talairach & Tournoux (1988) constitue par contre un référentiel de choix puisque les coordonnées elles-mêmes peuvent être comparées entre les études, indépendamment du nom de l’aire en question. Nos travaux ne sont pas exemplaires à ce point de vue, puisque les connaissances acquises tout au long de ce travail doctoral ont influencé notre façon d’interpréter et de nommer les aires activées, rendant parfois la nomenclature employée inhomogène entre deux études.