1.3. L’approche cartographique

L’approche que nous avons menée dans cette thèse est une approche cartographique. Nous avons identifié les réseaux neuronaux impliqués dans des tâches cognitives olfactives d’un point de vue uniquement spatial et par conséquent statique. Cette approche a son intérêt comme ses limites. C’est l’approche exploratoire adaptée à l’étude de tout nouveau domaine. Elle permet un débroussaillage de la question posée mais devient rapidement insuffisante. Nos propres études, ainsi que celles d’autres auteurs, montrent que les mêmes régions participent à des processus cognitifs différents. Par exemple, notre étude menée en TEP chez les patients atteints de schizophrénie (Etude 4) montre que le cortex piriforme antérieur et le gyrus frontal inférieur gauche sont tous deux impliqués aussi bien dans le jugement de la familiarité des odeurs que dans celui de leur hédonicité.

D’autres approches doivent être maintenant tentées afin de répondre plus finement aux questions posées. D’un point de vue statistique, les analyses de ROI sont plus sensibles que les analyses portant sur l’ensemble du cerveau, et évitent aussi les problèmes de variabilités interindividuelles quant à la localisation des sites d’activation. Elles permettent de plus de sonder des régions de très petite taille. Anderson et al. (2003) définissent par exemple trois subdivisions majeures de l’amygdale (basomédiane, basolatérale, et latérale accessoire), et quatre subdivisions du cortex orbitofrontal (antérieure, médiane, latérale et postérieure), afin d’analyser leur comportement dans différentes tâches olfactives. Des méthodes plus élégantes consistent également à analyser l’activation dans une ROI fonctionnelle. Le principe est de déterminer une région activée dans une condition expérimentale donnée, de la prendre comme ROI, et de mesurer l’activité en son sein dans une autre condition expérimentale. En appliquant cette méthode, Kanwisher et al. (1997) montrent qu’une partie du gyrus fusiforme est plus activée chez la plupart des sujets quand ils observent des visages que lorsqu’ils examinent des objets. Dans une seconde étape, ils examinent chez ces mêmes sujets l’activité de cette région quand l’apparence des visages est modifiée (apparence floue, brouillée….). Une autre approche consiste à localiser les fonctions cognitives au sein de réseaux distribués (Mesulam, 1990) et d’identifier la connectivité fonctionnelle entre différentes régions de ce réseau pendant une tâche cognitive donnée (Friston et al., 1993). Nous évoquerons à nouveau cette méthode dans le cadre de nos perspectives (Chapitre 3 - Section ).