2.2. Bases neuronales du jugement de la familiarité des odeurs

2.2.1. Latéralisation fonctionnelle et cortex orbitofrontal droit

Notre étude portant sur l’identification du réseau neuronal impliqué dans le jugement de la familiarité des odeurs (Plailly et al., 2005) complète les données préalablement acquises par notre équipe de recherche (Royet et al., 1999; Royet et al., 2001b).

Dans un premier travail, Royet et al. (1999) étudient le réseau neuronal spécifiquement impliqué dans la tâche de jugement de la familiarité des odeurs en soustrayant, aux images d’activations obtenues dans cette condition, les images obtenues pendant que les sujets jugent de la présence d’une odeur (contraste ‘Familiarité – Détection’). Ils observent l’activation du gyrus orbitofrontal antérieur droit débordant sur le gyrus sous-calleux, du gyrus cingulaire antérieur droit, et des gyri frontaux inférieur et supérieur gauches.

Dans un second travail, Royet et al. (2001) utilisent une caméra plus performante (meilleures résolutions spatiales et temporelles) et étudient en plus des deux tâches indiquées ci-dessus, celles de jugement de l’intensité et de l’hédonicité des odeurs, ainsi qu’une tâche de référence sans stimulation odorante. Cela leur permet de comparer directement au sein d’une même étude les processus olfactifs mis en jeu dans les différentes conditions. En comparant la condition de jugement de la familiarité à la condition témoin, les auteurs observent non seulement l’activation du cortex orbitofrontal droit mais aussi celle du cortex orbitofrontal gauche. Ils notent également que ces deux régions sont plus ou moins activées selon la tâche olfactive demandée au sujet. Alors que le cortex orbitofrontal gauche est significativement plus activé dans la tâche de jugement hédonique que dans les quatre autres tâches olfactives, le cortex orbitofrontal droit est plus activé dans la tâche de jugement de familiarité que dans les tâches de détection et de jugement de l’intensité des odeurs. Aucune différence significative n’est trouvée entre les tâches de jugement de familiarité et celles de jugements hédonique et de comestibilité. En d’autres termes, cette seconde étude ne permet pas de conclure à la participation préférentielle du cortex orbitofrontal droit dans la tâche de jugement de familiarité. Elle suggère seulement à ce jour que ce cortex est davantage activé quand les sujets procèdent à des tâches olfactives pour lesquelles la demande cognitive semble plus importante.

Dans cette thèse, nous ne montrons pas l’activation des cortex orbitofrontaux dans le jugement de la familiarité des odeurs (Etude2, ). Il y a deux explications à cela. La première est que le cortex orbitofrontal droit est activé non seulement dans cette tâche mais aussi dans celle de détection. La comparaison des deux conditions (‘Familiarité – Détection’) entraîne donc la disparition du signal dans cette aire. La deuxième explication est liée à l’utilisation de l’IRMf comme technique d’imagerie cérébrale. Nous savons que cette technique est sensible aux artéfacts de susceptibilité magnétique dans les aires orbitales (Chapitre 1 - Section ), et que les activations observées précédemment dans nos études TEPs se situent dans cette région. Bien que nous concevions a priori que le signal est au moins partiellement présent en IRMf dans cette région, il est possible que l’activité soit encore trop faible pour que des différences émergent quand on compare les conditions entre elles. Nous ne pouvons également écarter l’hypothèse que des activations orbitofrontales soient présentes plus ventralement et que l’IRMf ne nous ait alors pas permis de les enregistrer.