2.2.4. L’hypothèse de l’existence d’un réseau neuronal plurimodal sous-jacent au sentiment de familiarité

L’Etude 3, en comparant les patterns de réponses neuronales impliqués dans le sentiment de familiarité et de non familiarité évoqués par les odeurs et les extraits musicaux, isole spécifiquement les bases neuronales propres à chacun des sentiments. Elle montre un recouvrement partiel des bases neuronales répondant aux odeurs et aux musiques, et identifie certaines spécificités liées à chacune des modalités sensorielles. Cette étude montre l’existence d’un réseau neuronal bimodal étendu pour le sentiment de familiarité, et d’un réseau neuronal bimodal beaucoup plus restreint pour le sentiment de non familiarité. Suite à cette étude, une interrogation persiste : la tentative de reconnaissance d’un item, commencée lors de sa perception, mène-t-elle tout d’abord au sentiment de non familiarité, puis ensuite au sentiment de familiarité lorsque cette reconnaissance aboutit partiellement ? Ou alors le sentiment de non familiarité est-il un sentiment propre, au même titre que le sentiment de familiarité, émergeant après une recherche infructueuse ?

Le ressenti que nous éprouvons lors du sentiment de familiarité, ce sentiment de déjà-vu/perçu, ne semble pas dépendant d’une modalité sensorielle, mais semble plus être un sentiment général d’accès à une partie des connaissances liées à cet item. Notre étude sur les odeurs et la musique montre la nature bimodale de ce sentiment et, en comparant nos résultats à ceux observés avec des items verbaux ou visuels, permet de proposer l’hypothèse qu’une partie du réseau neuronal sous-jacent au sentiment de familiarité est un réseau neuronal plurimodal. Ce réseau plurimodal, activé indépendamment de la modalité sensorielle de l’input entraînant ce sentiment, comprend des aires identifiées précédemment dans des processus mnésiques et sémantiques, ce qui étaye également notre interprétation (Squire et al., 2004; Moss et al., 2005).