L'homme de théâtre August Wilhelm Iffland fait partie des grandes personnalités du théâtre allemand, 58 même si son nom est moins connu aujourd'hui, notamment en France. Très célèbre de son vivant, acteur vedette, auteur à succès, son œuvre et sa personne furent pourtant à la fois admirées et contestées, adulées et honnies. En lisant la littérature critique disponible sur cette période, on a d'ailleurs parfois l'impression que le débat sur Iffland et son travail, que la division en deux camps a persisté par la suite jusqu'à aujourd'hui (Devrient et Freydank lui sont plutôt favorables, Kindermann argumente dans les deux directions, Schaffner se prononce plutôt contre lui).
Le travail d'A. W. Iffland a généré très tôt un débat qui s'est cristallisé plus particulièrement autour de son style de jeu. Lorsque Iffland fut devenu directeur du théâtre de Berlin, le débat sur ses prestations d'acteur a continué, prenant parfois une dimension très personnelle, doublé d'un débat sur sa production dramatique que les intellectuels trouvaient trop légère et trop prosaïque. En ce qui concerne le style de "mise en scène" pratiquée à Berlin, Iffland, du fait de sa position de directeur de théâtre et de directeur d'acteur, a imposé un style, une esthétique particulière, non seulement pour le jeu, mais aussi pour la décoration scénique. Si l'on a moins débattu des questions de scénographie que cela ne sera le cas durant la direction du comte Brühl, en tout cas, on voit déjà face à l'esthétique proposée par Iffland une amorce de débat dans les critiques des représentations, dans certains articles de journaux (Berliner Abendblätter, édités par Kleist) et œuvres littéraires (Phantasus de Tieck). La période 1800-1814 apparaît comme le prologue de ce débat particulier au sujet des pratiques scénographiques qui eut lieu à Berlin.
L'importance d'Iffland est signalée encore de nos jours par l'existence du "Iffland-Ring", la plus haute distinction pour un acteur de théâtre en langue allemande.