Deuxième partie : devenir et être porteur de parts. Espaces, territoires et « modes d'emploi » gestionnaires

Chapitre 4. Les manifestations socio-spatiales du phénomène SCI. Facteurs, enjeux et effets des localisations

4.1 De quelques notions-clés

De la façon dont nous l’avons formulée dans le chapitre 2, la « question sociétaire » doit en partie être abordée en termes de diffusion sociale et spatiale. Si nous considérons en effet la SCI comme une technique et une information circulant dans des groupes et des réseaux socioéconomiques particuliers, il convient de montrer d’une part comment l’objet et/ou la connaissance juridico-financières se propagent dans l’espace, dans quels endroits, à quel rythme et selon quelles logiques – en vertu de ce que nous pourrions appeler une épidémiologie des pratiques et des représentations sociétaires – et d’autre part comment les populations utilisatrices s’y distribuent, selon quelles règles et stratégies. Plus exactement, il s’agit de voir si ces deux axes de distribution/localisation se recouvrent mutuellement.

Aussi, pour tenter de répondre à ces questions, admettons-nous quelques principes théoriques qui permettront au lecteur de prendre la mesure de notre tentative d’interprétation socio-spatiale du phénomène sociétaire. Pour ce faire, notre propos se fonde aussi bien sur les apports de l’écologie urbaine de l’Ecole de Chicago que sur ceux d’une géographie sociale et régionale d’inspiration à la fois structuraliste et constructiviste 201 , et d’une géographie urbaine économique référant aux analyses systémique et fonctionnelle 202 . Outre les différences qui les caractérisent, la volonté de comprendre les interférences ou les convergences entre les dimensions économique, sociale et spatiale – i.e. les formes de division ou de différenciation socioéconomique de l’espace – constitue un étais épistémologique commun à ces trois disciplines.

Notes
201.

Cf. principalement Armand FREMONT, Jacques CHEVALLIER, Robert HERIN, Jean RENARD, Géographie sociale, Paris, Masson, 1984. Cf. Antoine BAILLY, « Représentation et analyse des territoires : une épistémologie de la science régionale » in Pierre-Henri DERYCKE (dir.), Espace et dynamiques territoriales, Paris, Economica, DATAR, ASRLF, 1992, p. 3-23.

202.

Pour une introduction à ces modes d’analyse des faits urbains, cf. Jacqueline BEAUJEU-GARNIER, Géographie urbaine, Paris, Armand Colin, coll. « U Géographie », 1995 (1980), chapitres 2 et 3, p. 23-47.