L’espace urbain comme produit des rapports sociaux

Pour l’écologie urbaine, la formation de l’espace urbain est en règle générale conçue comme la résultante des rapports sociaux, c’est-à-dire de la compétition que se livrent individus et groupes sociaux pour l’appropriation de telles ou telles portions de la ville. Ce faisant, les processus de sélection, de distribution et d’adaptation semblent étroitement liés à l’ensemble des environnements (physique, social, économique, juridique et politique) dans lesquels ils évoluent. Chaque groupe social se positionne ainsi dans des « aires naturelles » qui composent alors autant de « régions morales » où prévalent des codes de conduite (familiaux, financiers, patrimoniaux, professionnels, résidentiels) singuliers. La ville apparaît donc comme une « mosaïque » d’activités ou de fonctions spécialisées, de mondes et de groupes sociaux, qui se touchent sans forcément se mélanger 203 .

Dès lors, cette discipline nous invite à cerner les groupes sociaux et économiques les plus actifs en matière de pratiques, projets et stratégies territoriaux. Elle jette les bases d’une interrogation sur la manière dont un groupe donné – les porteurs de parts de SCI par exemple – agit sur ses territoires (mutations et inerties, gestion et aménagement) et, en retour, comment ceux-ci agissent sur les groupes qui les investissent (contraintes morphologiques, financières, externalités positives ou négatives influant sur les comportements) 204 . En employant un vocabulaire biologique, nous pourrions même soutenir que le problème réside dans la découverte des interactions entre des facteurs biotiques et abiotiques.

Notes
203.

Cf. Robert E. PARK, « La ville comme laboratoire social » (1929) in Yves GRAFMEYER et Isaac JOSEPH, Textes traduits et présentés par, L’Ecole de Chicago. Naissance de l’écologie urbaine, op. cit., p. 167-183.

204.

Cf. Maryvonne LE BERRE, « Territoires » in Antoine BAILLY, Robert FERRAS, Denise PUMAIN (dir.), Encyclopédie de géographie, Paris, Economica, 1992, p. 617-638.