Pour étayer les quelques éléments d’analyse que nous venons de fournir au sujet de la diffusion spatiale du phénomène sociétaire, nous allons désormais raisonner en termes de flux d’immatriculations. Trois périodes-clés ont été définies : 1978-1992, 1993-1995, 1996-1998 219 . La transition des stocks aux flux présente l’intérêt d’affiner l’explication causale du recours à la SCI selon des périodes rythmées par des conjonctures ou des circonstances économiques, politiques, juridiques et sociales significatives.
Si elle permet de mieux saisir les variations temporelles du macro-phénomène sociétaire considéré comme le produit de contraintes ou d’une mode – de comportements mimétiques agrégés et guidés par des représentations socio-culturelles – elle permet aussi de préjuger de l’historicité des dynamiques spatiales et immobilières ; les effets conjugués des conjonctures individuelles et historiques collectives déteignent sur les pratiques territoriales. Par ailleurs, les mobiles collectifs et objectifs exposés dans ce point seront repris et discutés dans le chapitre suivant, portant sur les profils sociologiques et les carrières des porteurs de parts enquêtés, ainsi que sur les motifs subjectifs allégués pour justifier leur choix ou préférence sociétaire.
L’élaboration de ces trois tranches doit beaucoup aux entretiens avec les praticiens et en particulier à celui avec un conseiller patrimonial indépendant [PRAT 34]. Pratiquement tous les professionnels interviewés situent l’explosion des SCI, son développement en tant que phénomène de mode, au milieu des années 80.