Une très forte convergence résidentielle

A l’instar de ce que nous avons pu mettre en évidence pour les sièges sociaux, Lyon exerce une grande attraction résidentielle. A elle seule, elle centralise plus du tiers des localisations résidentielles de gérants du corpus (483, soit 31,7%). Si nous associons ses effectifs à ceux de Villeurbanne (74), nous arrivons à 36,6%, traçant par là-même la primauté de la ville-centre dans ce domaine.

Tableau 18 – La localisation résidentielle des gérants de SCI selon le « Genre » spatial [1978-98]
« GENRE» N LRG % sur Σ LRG
Lyon 483 31,7
PUL 774 50,9
CP partie urbaine 72 4,7
CP partie rurale 54 3,6
Espace rural 31 2,0
Hors – AUL 107 7,1
TOTAL 1 521 100

Source : « BDSCI.XLS »

D’une manière générale, c’est le Pôle Urbain Lyonnais (PUL) qui ressort comme l’espace le plus polarisateur des lieux de résidence des gérants [cf. Tableau 18]. En excluant Lyon intra-muros, on remarque que les communes de la proche banlieue regroupent plus de la moitié des localisations résidentielles. Si nous intégrons Lyon dans le PUL, nous atteignons une concentration résidentielle maximale de 82,6%. Parmi les communes du PUL, 10 rassemblent 53,3% de ces localisations spécifiques : Lyon (483), Villeurbanne (74), Caluire (68), Ecully (37), Rillieux-la-Pape (31), Décines (29), Sainte-Foy-lès-Lyon (24), Tassin-la-Demi-Lune (22), Meyzieu (22) et Bron (21) [cf. Carte 6].

Au travers du club composé de Caluire, de Rillieux-la-Pape et des communes des Monts-d’Or, le Nord se présente après Lyon comme une localisation sectorielle privilégiée par les gérants de SCI (16,6% au total et 24,7% sans Lyon) [cf. Graphique 4 et Tableau 19]. L’Ouest et l’Est intègrent le quatuor de tête des secteurs les plus « résidentiels ».

Carte 6 – Les lieux de résidence des gérants dans l’agglomération lyonnaise

C’est en opérant des regroupements sectoriels que les localisations résidentielles dévoilent leur caractère discriminant [cf. Tableau 20]. En effet, le secteur Nord/Nord-Ouest/Ouest/Sud-Ouest – à travers un pool de 28 communes – concentre plus de 50% des lieux de résidence des gérants de SCI du corpus. Le secteur Sud/Sud-Est/Est n’en comprend que 35,5%, ce qui s’explique non seulement par le nombre plus réduit de communes mobilisées (14), mais aussi par sa sous-représentation en communes aisées, au contraire de l’autre secteur. Alors que seules Chassieu, Décines, Genas, Villeurbanne et une partie de Bron et de Meyzieu se caractérisent par un bon niveau de vie, de l’autre côté la quasi-totalité des 28 communes se veulent plus homogènes (avec un revenu annuel moyen supérieur avoisinant les 200 000 francs et une part de foyers fiscaux non-imposés inférieure à 30%) 245 , confortant de la sorte un déséquilibre lié à la distribution historique des activités économiques et industrielles dans ces différents secteurs ainsi qu’aux stratégies résidentielles périphériques individuelles et collectives. D’ailleurs, comme l’indiquent Alain Chenu et Nicole Tabard, « […] La combinaison des stratégies d’entreprise et des stratégies de regroupement résidentiel des classes dominantes suscitent une concentration spatiale des catégories aisées et une ségrégation accrue » 246 .

Graphique 4 – Localisation sectorielle des lieux de résidence des gérants de SCI [1978-98]

Parallèlement à cette propension des gérants à s’établir dans des endroits très typés, nous ne pouvons faire l’impasse sur un autre phénomène qui est plus ou moins directement lié à l’extensibilité de l’Aire Urbaine de Lyon (ville-centre + PUL) et à ses effets socioéconomiques. Une part non négligeable des gérants réside dans deux départements limitrophes : l’Ain et l’Isère, qui polarisent 6,2% des localisations résidentielles des gérants extra-muros. Il s’agit de nouvelles terres d’accueil périurbaines de catégories supérieures et indépendantes en proie à une saturation de la demande dans le centre-ville et les banlieues cotées et/ou désireuses de s’installer avec leurs familles dans un environnement semi-rural leur apportant une meilleure qualité de vie.

Tableau 19 – Classement décroissant des lieux de résidence Hors-Lyon des gérants (« HAB » et « ICP ») selon la localisation sectorielle [1978-98]
« LOCALISATION % % cumulés
Nord 24,7 24,7
Est 19,2 43,9
Ouest 15,5 59,4
Autres 13,6 73,0
Sud 12,2 85,2
Sud-Ouest 5,6 90,8
Nord-Ouest 5,1 95,9
Sud-Est 4,1 100
TOTAL 100  

Source : « BDSCI.XLS »

Derrière les localisations sectorielles les plus appréciées en matière résidentielle, nous pouvons noter que les gérants de SCI « lyonnaises » ne goûtent pas trop à l’espace purement rural (2%) et qu’une partie d’entre eux vit même en dehors de l’AUL (7,1%). Plus exactement – si nous corrigeons les résultats en mettant entre parenthèses les localisations résidentielles dans Lyon même –, 13,6% des gérants déclarent résider dans d’autres régions comme Rhône-Alpes (58,2%) ou la région parisienne (16,3%), voire à l’étranger (7% des cas).

Par-delà l’attrait résidentiel exercé par l’Ain et l’Isère, corroborant la constance du processus contemporain de métapolisation, il nous est permis de voir dans la présence de gérants « extérieurs » le signe soit d’une intervention ponctuelle et raisonnée d’investisseurs immobiliers sur des marchés locaux jugés porteurs, soit du souhait de chefs d’entreprises allochtones d’implanter certaines de leurs activités complémentaires ou filialisées dans ou aux abords d’une ville riche en « fonctions stratégiques ».

Tableau 20 – Classement décroissant des localisations sectorielles résidentielles Hors-Lyon regroupées des gérants de SCI [1978-98]
« REGROUPEMENTS » % % cumulés
N/NO/O/SO
[28 communes]
50,9
[24,7 + 5,1 +15,5 +5,6]
50,9
S/SE/E
[14 communes]
35,5
[12,2 + 4,1 + 19,2]
86,4
AUTRES
[Dont Ain et Isère]
13,6
[6,2]
100
TOTAL 100  

Source : « BDSCI.XLS »

Tableau 21 – Classement décroissant des arrondissements résidentiels des gérants de SCI [1978-98]
ARRONDISSEMENT N % % cumulés
Lyon 6 106 21,9 21,9
Lyon 3 80 16,6 38,5
Lyon 2 53 11,0 49,5
Lyon 5 51 10,6 60,1
Lyon 4 48 9,9 70,0
Lyon 7 44 9,1 79,1
Lyon 1 39 8,1 87,2
Lyon 9 32 6,6 93,8
Lyon 8 30 6,2 100
TOTAL 483 100  

Source : « BDSCI.XLS »

Graphique 5 – Les arrondissements résidentiels de gérants lyonnais [1978-98]

Notes
245.

Cf. Atlas du Grand Lyon. Démographie, activité économique, construction, INSEE-COURLY, 1998. Des communes comme Caluire, Charbonnières et Saint-Cyr-au-Mont d’Or appartiennent au type le plus huppé [cf. Tableau 21] dans le sens où les cadres supérieurs, les professions libérales et la bourgeoisie d’entreprise y sont en situation de force. Cf. Nicole TABARD, « Une représentation de la structure socio-économique de la région Rhône-Alpes », op. cit., et plus largement Christine LAGARENNE et Nicole TABARD, « Les inégalités territoriales des niveaux de vie », INSEE Première, n° 614, octobre 1998.

246.

Cf. Alain CHENU et Nicole TABARD, « Les transformations socioprofessionnelles du territoire français, 1982-1990 », op. cit.