De la congruence des sièges sociaux et des lieux de résidence des gérants

Pour parachever ce tour d’horizon socio-spatial, il convient de s’arrêter sur un point que le lecteur n’aura pas manqué de relever au travers des différents tableaux et supports cartographiques : la « gémellité » des distributions des sièges sociaux de SCI – en particulier les SCI « HAB » – et des lieux de résidence de leurs gérants. A quelques nuances près, ces deux types de localisations répondent au même schéma, à savoir celui de la structure socioéconomique de Lyon et de ses alentours.

En dehors d’un facteur logistique propre à expliquer la congruence des localisations administratives et résidentielles, nous pouvons invoquer à dessein une articulation des différents marchés immobiliers professionnels et d’habitation (d’occupation personnelle et de rapport), sachant que les secteurs affectionnés par les entreprises et les investisseurs correspondent à ceux prisés par les catégories aisées, dont les porteurs de parts sont les représentants, et vice-versa (effet d’entraînement ou d’appel). Le degré d’attractivité et les prix pratiqués, parfois élevés, dans certains espaces urbains vont souvent de pair – forment système – et contribuent à entretenir un processus de ségrégation ou de gentrification. Les entreprises et les commerces tendent à s’implanter dans des secteurs où le marquage social peut s’accorder avec leur éventuelle quête d’adresses prestigieuses. A l’inverse, un secteur pourvu en « fonctions stratégiques » peut être un gage de dynamisme économique pour des investisseurs privés ou des ménages prêts à payer le prix fort.

Afin d’illustrer cette forme de congruence spatiale, on peut noter que 64,5% (981/1 521) des localisations des sièges sociaux de SCI et des résidences des gérants sont identiques selon le secteur géographique (Nord, Ouest, Sud, etc.). Quoiqu’un peu moins substantiel, le phénomène de similitude selon la commune reste majoritaire : le pourcentage atteint 57,4% (873/1 521).