6.2 La question centrale du financement

Que l’outil sociétaire soit sollicité pour optimiser une stratégie d’enrichissement ou bien de transmission, la problématique du financement agite tous les porteurs de parts enquêtés et ce, quel que soit leur niveau de richesses et les procédés qu’ils retiennent. En examinant de près les motifs de recours sociétaire, nous avons découvert que le financement et la fiscalité – les deux étant difficilement détachables – étaient invoqués à 84 reprises mais sous des formes différentes : défiscalisation, endettement, autofinancement, montage financier. Par-delà l’existence d’une régularité comportementale supra-individuelle, cette sur-représentation causale cache l’emploi de techniques variées qui atteste, dans un registre sociologique, de l’existence de combinaisons plus ou moins complexes entre les rationalités arithmétique, axiologique et des éléments culturels. Avec la problématique financière, la possibilité s’offre donc à nous de mettre à nouveau en valeur le potentiel tactique des porteurs de parts, de voir comment ils accommodent la présumée « souplesse » sociétaire à leurs logiques patrimoniales et à certaines « rigidités » socioéconomiques.

Sans prétendre proposer un traitement exhaustif, nous présenterons d’abord les modes de financement dont les porteurs de parts disposent, et sur lesquels ils s’arrêtent en particulier. Ensuite, tout en essayant de cerner les convergences et les divergences entre les financements familiaux, amicaux et partenariaux, nous nous intéresserons aux choix effectués dans la détermination du montant de capital sociétaire. Enfin, nous parachèverons notre démonstration en décrivant quelques principes de jeux budgétaires et d’investissements en chaîne. La toile de fond de notre propos demeure l’étude des circuits financiers, ou des manières de dépenser, à l’œuvre au sein de groupes interpersonnels ciblés – étude qui sera poursuivie dans la troisième partie sous l’angle des effets relationnels.