7.3 Des représentations de l'artificialité

« Combine », « artifice », « truc », « astuce », « subterfuge », « expédient », etc., autant d’expressions usitées par les porteurs de parts et les praticiens pour désigner parfois le monde dans lequel ils baignent. Un monde fait de pratiques situées à la jonction de la réalité et de la facticité. Mais nous pouvons nous demander si la seconde n’est pas le double de la première ? En limitant la portée de l’officialité, du protocole sociétaire, nombre de porteurs de parts tentent de mettre à l’écart une réalité extérieure sans pour autant la nier complètement 395 . Ils s’approprient tant bien que mal ses avantages et s’émancipent de tout ce qui ne fait pas sens pour eux, un vocabulaire et des concepts abscons par exemple, une façon de penser et d’agir qui n’est pas ou plus en phase avec leurs propres schèmes de perception et lignes de conduite. Si certains manient avec plus ou moins d’aisance registre théorique et registre pratique, au point de brouiller la frontière entre réalité et artificialité tout en faisant la part des choses, d’autres s’illusionnent davantage en voyant dans l’artificialité aussi bien une chance qu’un système dans lequel ils peuvent se reconnaître et se mouvoir. Ils recherchent l’artifice et à ce titre tout formalisme est déformé ou reformé.

Notes
395.

Même si notre propos n’est pas philosophique, nous recommandons la lecture de l’ouvrage de Clément ROSSET, Le réel et son double, Paris, Folio Essais, 1984 (1976). La gène provoquée par une réalité déplaisante n’entraîne pas automatiquement un rejet abrupt mais un déplacement du regard, faisant qu’on dit à la fois oui et non à cette réalité perçue. Le fait de (perce)voir n’empêche pas de camper sur ses positions, de persister dans son comportement, comme si l’on n’avait rien vu. Nous rejoignons quelque part l’approche constructiviste promue par Peter BERGER et Thomas LUCKMANN et dans laquelle intériorisation ne signifie pas identification.