7.4 Déjouer l'interventionnisme administratif : velléités autorégulatrices, appels réformistes

Qu’elle impulse de manière plus ou moins franche les décisions de montages sociétaires (cf. supra, chapitre 5, § 5.4) ou qu’elle soit à l’origine de systèmes de pratiques et de représentations individuelles plus ancrés, la préoccupation fiscale lato sensu se pose quasiment en constante comportementale. Quasiment, car tous les porteurs de parts enquêtés ne manifestent pas à l’égard de la fiscalité les mêmes sentiments et ne lui confèrent pas le même intérêt. Là où certains ne la jugent que comme un contexte secondaire par rapport à leur projet originel d’installation, de transmission ou d’entraide, d’autres vont se charger de l’instrumentaliser au plus haut point, c’est-à-dire d’en faire une « supra-causalité » ou l’axe idéologique d’une « lutte du particulier contre l’Administration », comme se plaît à le dire Norbert avec emphase.

Derrière l’apparente communauté de vues sur cette question, chaque porteur de parts envisage par conséquent la pression de la norme fiscale au travers d’une rationalité cognitive 401 . Un porteur de parts « filtre » cette pression à l’aune de son expérience concrète particulière et des informations, vraies ou erronées, dont ils disposent. L’objectivité n’est pas toujours de mise, y compris pour des praticiens-porteurs de parts évoluant dans l’univers du droit, des chiffres et de la finance, et censés jouir d’un imparable stock de connaissances. La pondération dont ils font souvent montre dans les entretiens, corrélat de leur mission, ne doit pas laisser l’observateur passer à côté de discours acerbes nourris à l’encontre du système régalien. Le ton est moins passionné que chez certains porteurs de parts, mais la croisade est identique et le raisonnement parfois tout aussi syllogistique. Quand bien même notre ambition ne vise pas à réduire la sociologie des SCI à une simple sociologie fiscale, nous allons tenter d’établir quelques correspondances qui montreront au lecteur le caractère incontournable de cette dimension.

Notes
401.

Cf. Marc LEROY, « L’individu et l’impôt. Contribution à une sociologie cognitive de l’impôt », op. cit.