Continuum ?

« …il est probable que la plupart des individus dits "normaux" ont des séquelles d’autisme pathologique, aux racines de leur être. »
Frances TUSTINAutisme et psychose de l’enfant, 1972.

Les différentes réflexions proposées précédemment remettent en question l’hypothèse d’un continuum entre les personnalités « normales » à traits autistiques et les sujets au diagnostic d’Autisme Infantile. Sommes-nous dans un processus pathologique similaire dont des défenses de types autistiques se mettraient en place à la suite d’une incapacité à développer des défenses adéquates ? Si cela est le cas, l’intensité pathologique dépendrait du degré de fragilité des sujets atteints et de leurs moyens défensifs.Leur incapacité commune serait liée à cette absence d’accès à une défense par le biais de processus créateurs.

Cette absence de mécanismes défensifs adéquats est-elle le seul facteur pathogène ? Pour qu’une telle variabilité pathologique existe, d’autres formes de perturbations sont certainement en jeu. Quelles sont ces autres conditions ?

Ces interrogations nous amènent à notre thématique de travail. Les pathologies porteuses de troubles autistiques sont d’une diversité développementale relativement complexe. Leur définition nosographique ne semble pouvoir rester sur le mode unitaire actuel. Quelles sont les différentes formes existantes ?

Certaines caractéristiques des troubles autistiques paraissent être présentes chez des personnalités suffisamment insérées dans notre société pour être considérées « normales ». Ces traits autistiques sont-ils identiques à ceux retrouvés dans la pathologie définie au sein des nosographies ? Si cela est le cas, quelles sont les bases pathologiques identiques à ces différents sujets et quels facteurs organiques ou psychogénétiques jouent le rôle de déclencheur des symptômes et de régulateur de l’intensité et de la variabilité des troubles ?

Dans l’objectif d’une première évaluation nosographique, notre étude va consister en l’analyse comparée de deux sous-groupes au diagnostic d’Autisme Infantile. Le premier se constituera de sujets dont une pathologie autistique semble avoir été présente dès la naissance ; le second regroupera des sujets pour lesquels un développement apparemment normal aurait été présent jusqu’à 12-24 mois avant que ne se développe les troubles. Les sujets du second groupe auraient-ils un type de fonctionnement similaire à des sujets « normaux » développant une pathologie névrotique ou schizophrénique à l’âge adulte ? Cette interrogation sera reprise et étudiée tout au long de notre travail.

Une présentation de notre rencontre avec des pathologies à troubles autistiques illustrera notre projet d’étude plus en détail.